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Assassinat de Samuel Paty : David Di Nota a voulu suivre la logique de ce cauchemar jusqu’au bout

David Di Nota, romancier et auteur de “J’ai exécuté un chien de l’enfer : rapport sur l’assassinat de Samuel Paty” aux éditions du Cherche-Midi, était l’invité d’André Bercoff sur Sud Radio.

Pour David Di Nota, André Bercoff a “raison sur le fait d’insister que je sois romancier, non pas qu’il y ait quoi que ce soit d’inventé dans ce livre”. “Mon parti pris était de suivre l’itinéraire singulier d’un homme lors des deux dernières semaines de sa vie”, explique-t-il. Le but du romancier était de “comprendre de l’intérieur le cauchemar dans lequel il avait été placé, dans lequel il a été fait prisonnier en quelques sortes et de suivre la logique de ce cauchemar jusqu’au bout”, explique-t-il au micro de Sud Radio.

“Mon point de vue, ce n’est pas le point de vue de l’institution. Mon point de vue, c’est celui de cet homme si singulier qui est passé quand même de cette trajectoire incroyable, qui vous fait passer d’une rumeur infondée par une élève qui n’était pas dans la classe, à la décapitation d’un homme”, raconte l’auteur. “C’est cette trajectoire que j’ai voulu restituer”.

C’est une “chose si simple” de dire que “cette élève n’était pas dans la classe”

Selon le romancier David Di Nota, “Samuel Paty fait l’objet de deux premières accusations”. “D’abord l’élève qui n’est pas dans la classe et qui dit cette chose, alors qu’elle était interviewée par les islamistes. Elle dit que Samuel Paty a désigné les musulmans, parce qu’ils étaient musulmans et il les a exclu de la classe, en quelques sortes, il a organisé un genre de mini-rafle du Vel-d’Hiv”, raconte l’auteur. “Elle y tient beaucoup à cette version et cette version, et ce mensonge éhonté sera repris immédiatement par les islamistes, et évidemment ce mensonge sera répercuté sur les réseaux sociaux”, explique David Di Nota.

“L’un des mystères sur lequel j’ai buté au départ, c’est pourquoi, au moment où l’enseignant est en but à cette campagne de haine orchestrée par des islamistes, pourquoi l’administration choisit, alors qu’elle en a la possibilité, qu’elle sait très bien que l’élève n’était pas dans la classe, pourquoi elle ne dit pas à la cohorte des offensés : ‘écoutez, cette élève ment'”, explique David Di Nota. Pour lui, il s’agit pourtant d’une “chose si simple” de dire que “cette élève n’était pas dans la classe” et que “cette élève ment”. “Les élèves qui étaient dans la classe ont dit exactement le contraire, que le cours s’est bien déroulé, qu’il n’y a eu aucune stigmatisation, et que l’ambiance était très bonne”, explique le romancier.

“J’ai essayé de ne pas les éviter ces vérités très inconfortables”

“Il s’est passé ces choses très curieuses qui pour moi étaient vraiment un mystère”, explique David Di Nota au micro de Sud Radio. Selon l’auteur, il s’agissait “d’une vérité très inconfortable”. “J’ai essayé de ne pas les éviter ces vérités très inconfortables”, explique-t-il. “L’administration choisit d’adopter, et ça c’est un paradoxe qui est au cœur de mon livre, la version de l’élève qui n’était pas dans la classe, autrement dit la version de la menteuse qui consiste à dire : effectivement vous avez offensé votre classe”, raconte le romancier.

Quand André Bercoff explique que l’administration demande donc à Samuel Paty de s’excuser, pour David Di Nota, “on arrive au fin du fin, c’est ça qui est ahurissant”, juge-t-il. Pour David Di Nota, il ne s’agit pas de lâcheté. “La lâcheté consiste à s’en prendre à celui qui est agressé par peur de s’en prendre à ceux qui agressent”, explique-t-il. “Là, on s’est dit qu’on va recadrer le professeur, on va expliquer qu’il a fait une erreur, qu’il ne maîtrise pas très bien la laïcité dans l’espoir que ça va calmer les excités et les offensés professionnels”, raconte le romancier. Pour David Di Nota, “ce calcul” ne va pas payer. “Au contraire, il a énormément vulnérabilisé le professeur à tel point qu’on a cru le dossier traité et on connaît la suite”, juge David Di Nota.

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