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Briser les discriminations dans le sport pour que chacun⸱e puisse choisir si iel veut s’inscrire dans une équipe féminine ou masculine

Un homme qui se sent femme devrait pouvoir dominer une compétition féminine, et aussi une femme pouvoir participer à une compétition masculine.

Lia Thomas (photo ci-dessus), la sportive trans qui a totalement écrasé ses adversaires féminines, montre la voie à de nombreux autres sportifs qui souhaiteraient mettre fin à cet abject discrimination.

Lia Thomas enchaîne depuis des mois les performances dans les bassins universitaires américains. Pourtant cette nageuse transgenre se retrouve au centre d’une vive controverse, accusée d’être injustement avantagée parce que née homme.

La polémique, qui pose à nouveau la délicate question de la place des sportifs transgenres, a déjà poussé la NCAA, l’organisation régissant le sport universitaire, puis USA Swimmings, la fédération américaine de natation, à promettre un nouveau règlement.

Le tout sur fond d’offensive d’hommes politiques conservateurs. «Nous interdirons aux hommes de participer à des compétitions féminines», a ainsi lancé Donald Trump, le 15 janvier, lors d’un meeting dans l’Arizona.

Sans la nommer, mais en la qualifiant au masculin, l’ancien président a ensuite pointé Lia Thomas, étudiante de 22 ans.

Les règles sont respectées

Dans l’une de ses rares interviews, sur le podcast «TheSwimSwam», elle explique avoir réalisé qu’elle était «trans» à l’été 2018 mais avoir d’abord voulu continuer à nager chez les hommes. «Cela m’a causé beaucoup de détresse (…). Je n’étais plus capable de me concentrer sur la nage, sur les études, sur mes amis», a-t-elle raconté. Elle entame sa transition en mai 2019, avec un traitement hormonal.

Pour sa première saison chez les femmes, Lia cartonne. Début décembre, à Akron (Ohio), elle réalise les meilleures performances de l’année sur 200 yards (183 mètres) libre (1’41’’93) et sur 500 yards (457 mètres) libre (4’34’’06). Samedi, à Harvard (Cambridge, Massachusetts), elle a encore brillé en remportant les 100 et 200 yards libre.

L’étudiante respecte les règles de la NCAA, qui autorisent les femmes transgenres à concourir après un traitement de suppression de la testostérone pendant au moins un an. Pas suffisant pour certains, surtout dans un sport de puissance comme la natation, parce que sa transition a été entamée après la puberté.

Des temps proches

«Lia est sur-performante dans les épreuves féminines», a écrit le Women’s sports policy working group, qui revendique de défendre le sport féminin, dans un courrier à la NCAA. Il se fonde sur une étude, non encore publiée dans un journal scientifique, qui a passé en revue les temps de la nageuse.

«Ses temps post-transition à ce jour (…) restent trop proches de ses meilleurs temps pré-transition dans les épreuves masculines, par rapport à l’écart de performance entre les athlètes masculins et féminins» en sport universitaire, ajoute le groupe, qui compte dans ses rangs l’ancienne quadruple médaillée olympique de natation (Los Angeles, 1984), Nancy Hogshead-Makar.

Mais pour ses défenseurs, la polémique n’est qu’une preuve de plus des discriminations dont souffrent les personnes transgenres.

«(Lia) Thomas est simplement une athlète qui aime son sport, qui s’entraîne dur et respecte toutes les conditions pour nager en compétition. Malgré cela, elle est victime d’une rhétorique violente», a déploré le groupe Athlete Ally.

Le sujet divise aux États-Unis, où plusieurs États conservateurs – dix selon Athlete Ally – ont adopté des lois pour barrer la route des jeunes filles transgenres au sport féminin à l’école.

Duel attendu

Cinq mois après la première participation aux JO d’été d’une sportive transgenre, en haltérophilie, la question reste un casse-tête pour les institutions sportives. En novembre, le Comité international olympique (CIO) a renvoyé la balle à chaque sport, en soulignant l’absence de «consensus scientifique sur le rôle de la testostérone dans la performance dans l’ensemble des sports».

La NCAA a repris jeudi cette approche différenciée, tout en évoquant l’idée de seuils de testostérone. Depuis 2019, la fédération internationale d’athlétisme (World Athletics) impose de tels seuils (moins de 5 nmol/l pendant douze mois) et c’est sur cette base que l’athlète transgenre CeCe Telfer avait été exclue des sélections olympiques, en juin 2021.

De son côté l’Université de Pennsylvanie a renouvelé son soutien à Lia Thomas, en vue notamment des prochains championnats NCAA en mars, événement phare de la saison universitaire.

Si elle s’y qualifie, elle pourrait de nouveau se mesurer à Izzi Henig, étudiant transgenre de Yale qui a décidé de ne pas prendre de traitements hormonaux et continue de concourir chez les femmes. Le 8 janvier, une première confrontation sur 100 yards libre avait tourné à l’avantage d’Izzi Henig.

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