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Enquête sur les dessous du féminisme : c’est une histoire de gros sous avant tout

Des podcasts féministes accusés de capitaliser… sur le dos des femmes

Entre ce qu’on revendique à grands coups de messages indignés sur les réseaux sociaux et la façon dont on choisit de mener son business… il y a parfois tout un monde.

Une enquête publiée par Mediapart accuse certains studios de podcasts, autoproclamés féministes, de rechigner à payer correctement leurs auteures et collaboratrices.

Parmi les noms connus : Lauren Bastide, féministe « révolutionnaire », qui a provoqué l’indignation de ses partenaires de lutte.

La « sororité » en prend un coup. La seconde partie d’une longue enquête de Mediapart sème le trouble, depuis mercredi 20 octobre, dans le petit monde parisien du podcast. En cause : les conditions de travail de ces artisanes du son, souvent des femmes passionnées de sujets de société parmi lesquels le sexisme, les discriminations et violences faites aux femmes, mais aussi la précarité et le racisme.

L’enquête accuse certains studios de production de podcasts y compris ceux fondés par des figures du militantisme féministe, de rechigner à rémunérer correctement leurs auteures, voire parfois à les rémunérer tout court. Payées en facture, sous le statut d’autoentrepreneur, en note de droits d’auteur, en retard… les travailleuses du podcast subissent le cynisme d’un milieu qui se targue pourtant de défendre les dominées.

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L’enquête de Mediapart s’intéresse à deux studios : Paradiso et Nouvelles Écoutes, le studio fondé par Julien Neuville et… Lauren Bastide.

Mais qui est Lauren Bastide ? En 2019, elle crée Nouvelles Écoutes en revendiquant vouloir « s’attaquer aux racines des discriminations sexistes et des stéréotypes de genre ».

L’enquête de Mediapart accuse l’ancienne rédactrice en chef
du magazine Elle
et son associé d’avoir utilisé le travail de leurs auteures sans les payer, ou au lance-pierre, malgré des prises de position très militantes. Plus intéressant : le média d’investigation affirme qu’une série de podcasts particulièrement populaire, La Poudre, qui ambitionne de « prendre le pouls des luttes féministes » a bénéficié d’une série d’adaptations littéraires sans qu’aucune des intervenantes n’ait touché le moindre centime.

Amandine Gay, qui a participé à cette série de podcasts, déplore que ses propos aient été repris in extenso, dans le deuxième numéro de l’adaptation littéraire des épisodes audio. Cette autrice et réalisatrice, particulièrement investie dans la lutte contre les discriminations raciales, étrille le système mis en place par Bastide : « Les personnes qui montent les studios de podcasts sont toutes des personnes blanches, issues de la classe moyenne supérieure ou de la bourgeoisie. Elles ont des stratégies, elles savent combien elles peuvent vendre un livre et elles réussissent à capitaliser sur le travail des franges les plus précaires des milieux féministes, antiracistes, handicapés et queer », lance-t-elle à Mediapart. Visiblement, la sororité ne suffit pas à déjouer les mécanismes d’exploitation bourgeoise des plus précaires.

« Le féminisme que je défends est anticolonialiste, anticapitaliste, antiraciste, il ne s’envisage pas sans lutte pour les droits des personnes handicapées, sans égalité pour toutes les personnes LGBTQ. Bref, il est radical et révolutionnaire ! », écrit Lauren Bastide à propos de son engagement. Et comme elle n’est décidément pas à une outrance près : l’entrepreneuse siégeait aussi au conseil d’administration du collectif « Prenons la Une », qui milite pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes dans les rédactions.

Interrogée par Mediapart, la journaliste a préféré démissionner de ses fonctions au sein du collectif.

Extrait de marianne.net

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