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La nouvelle génération d’employés prend ses distances avec le monde du travail

Quand ils énoncent leurs priorités au travail, ils parlent d’autonomie, de quête de sens, de culte de l’instant présent, mais pas de devoir moral, ni de sacrifices.

Conscients du creusement des inégalités, de l’accroissement des exclusions et de la fragilisation de la société , les jeunes prennent leurs distances avec le monde du travail.

C’est ce qu’a fait Anatole Verhaeghe, 29 ans, en profitant de la crise du recrutement. Bien déterminé à ne pas sacrifier sa vie au travail, il a renoncé au cinéma, domaine dans lequel il avait une licence, pour tenter sa chance ailleurs : « Il n’y avait que des postes de stagiaire dans ce secteur où on nous demandait de travailler gratuitement. Je me suis reconverti dans la restauration », raconte-t-il.

Coïncidence ou conséquence ? Les chiffres du ministère du travail indiquent une reprise marquée des ruptures de contrats de travail au deuxième trimestre 2021.

« On constate des démissions, des abandons de poste, des délocalisations en province. La crise fait que les gens se sont questionnés sur le sens au travail », remarque Audrey Richard, la présidente de l’Association nationale des DRH.

« Les entreprises ont le sentiment que les priorités chez les jeunes se sont inversées, avec la vie personnelle qui passe désormais avant le travail », observe Solène de Margerie, directrice du développement chez Entreprise et personnel.

Un choix de rupture qui déconcerte les recruteurs. « On a de plus en plus de salariés, intérimaires ou permanents, qui passent à autre chose, et des entreprises clientes qui nous appellent en urgence pour trouver un comptable par exemple, car leur salarié est soudainement parti pour changer de métier. Quand il y en a un qui me dit qu’il veut prendre les chemins de Compostelle, je m’inquiète », témoigne Roland Gomez, le directeur général du groupe d’intérim Proman.

Un « zapping » constaté jusqu’au ministère des armées. « Si l’activité ne répond pas à leurs attentes, ils n’ont ni doute ni scrupule à ne pas renouveler un contrat, même s’ils n’ont pas de projet à l’extérieur. Nos candidats veulent être accompagnés et formés, mais pas faire carrière. Sur les 3 000 à 4 000 futurs aviateurs recrutés chaque année, on a beaucoup plus de départs en début de carrière qu’il y a trente-cinq ans », explique Thierry Fluxa, chef du bureau recrutement de la DRH de l’armée de l’air et de l’espace.

Confrontées aux difficultés de recrutement, les entreprises conscientes de ces changements modifient timidement leurs pratiques pour capter l’attention des jeunes. « Depuis quelques mois, les entreprises indiquent à nouveau les salaires sur les annonces d’emploi cadre », observe Gilles Gateau, le directeur général de l’association pour l’emploi des cadres.

Les offres d’emploi avec 100% de télétravail se multiplient également. Cela offre l’opportunité de pouvoir trouver un logement décent, sans passer 3 heures par jour dans les transports, pour la nouvelle génération d’employés.

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