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Le gouvernement a commandé plus de mille nouveaux fusils LBD 40, dangereux successeur du Flash-Ball

Le LBD 40 est un lanceur de balles en caoutchouc, doté d’une crosse pliable et d’un viseur électronique. Il a une portée de 50 mètres. La vitesse du projectile est de 92 m/s. C’est une arme dangereuse (classée en 4ème catégorie), voire létale à partir de 25 mètres de la cible.

Samedi 12 janvier, un gilet jaune a été placé dans un coma artificiel après avoir été blessé au visage, lors d’une manifestation à Bordeaux. Il aurait subi un tir de LBD (lanceur de balles de défense).

Depuis le début du mouvement de protestation mi-novembre, le nombre des blessures occasionnées par les tirs des forces de l’ordre explose. Au moins une dizaine de manifestants auraient même perdu un oeil, selon le site Checknews. De quoi relancer la polémique sur le recours aux lanceurs de balles de défense lors des manifestations de maintien de l’ordre.

Il faut noter que les forces de l’ordre interdisent le port du casque aux citoyens lambdas qui souhaiteraient avec une protection en cas de manifestations qui dégénèrent. Parfois les casques des journalistes sont saisis aussi, mais en général les journalistes ont le droit de porter des casques.

Le LBD est un terme générique, qui définit les armes non létales lançant des balles en caoutchouc, aussi appelées “gomme-cogne”. Les premières armes de ce type ont été inventées dans les années 1990. Leur usage a été étendu aux policiers de la BAC (Brigade anticriminalité) en 1995, puis en 2000 aux policiers de proximité.

Le plus connu de ces LBD est le Flash-Ball. Il est depuis le début de l’année 2018 retiré de l’équipement des forces de l’ordre (certains policiers municipaux en sont toujours équipés), pour être remplacé par une autre arme, de fabrication suisse et non plus française, le LBD 40 (40 car le canon mesure 40 millimètres).

Le LBD 40, arme plus précise et plus puissante, est un fusil qui se porte à l’épaule, muni d’un viseur, et dispose d’une portée plus longue pour projeter ses balles semi-rigides de calibre 40 mm.

C’est donc cette arme, et non le Flash-Ball, que l’on retrouve chez les forces de l’ordre depuis le début des manifestations des gilets jaunes. Selon un recensement effectué le 12 janvier par le site Checknews, 82 personnes auraient été grièvement blessées depuis ces deux derniers mois et les deux tiers affirment avoir été touchés par des tirs le LBD, dont la majorité à la tête. Plus de dix auraient perdu un œil.

https://twitter.com/LPLdirect/status/1085271961104723969

Selon l’AFP, ces blessures par LBD et toutes les autres violences policières présumées ont abouti à 48 saisines de l’IGPN, la police des polices, entre novembre 2018 et janvier 2019.

L’association ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) avait de son côté effectué un recensement avant la crise des gilets jaunes : entre 2000 et octobre 2017, elle dénombrait “40 blessés graves à la suite d’un tir de LBD”.

L’usage de ces armes non létales est encadré et nécessite une habilitation pour les policiers et gendarmes, qui doivent bénéficier de formations obligatoires et d’un certificat d’aptitude.

Une note datant de 2014, signée par les directeurs de la police et de la gendarmerie indique que le LBD 40 “permet la neutralisation à distance d’un individu dangereux pour autrui ou lui-même”, par un tir avec “un fort pouvoir d’arrêt jusqu’à une distance maximale de 50 mètres, avec des risques lésionnels plus importants en deçà de 10 mètres.”

Le texte ajoute que l’usage de LBD 40 doit correspondre à “une réponse graduée et proportionnée à une situation de danger, lorsque l’emploi légitime de la force s’avère nécessaire pour dissuader ou neutraliser une personne violente et ou dangereuse.”

Le texte précise que : “Le tireur vise de façon privilégiée le torse ainsi que les membres supérieurs ou inférieurs. La tête n’est pas visée.” Autre obligation : “Après un tir, il convient de vérifier sans délai si la personne atteinte par un projectile et qui a été interpellée ne présente aucune lésion.” Cette dernière doit faire l’objet d’un examen médical et le tir doit faire l’objet d’un “compte rendu précis”, souligne aussi la note.

Avant même les prémices de la protestation des gilets jaunes, le défenseur des droits, Jacques Toubon, s’était insurgé contre l’utilisation de ces lanceurs lors de manifestations publiques. D’abord avec le Flash-Ball en 2015, au vu de la “gravité des lésions” qu’il peut causer puis, plus récemment, avec le LBD 40. Dans un rapport remis à l’Assemblée nationale en janvier 2018, il demandait même le retrait de la dotation des forces de sécurité de ce LBD 40, “dont les caractéristiques techniques et les conditions d’utilisation sont inadaptées à une utilisation dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre”.

Plus récemment, le 14 décembre, des manifestants blessés ont également effectué une requête urgente auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) visant à faire interdire provisoirement l’utilisation des LBD en France. Une requête rejetée.

https://twitter.com/LPLdirect/status/1085270013135777792

La recrudescence des blessures liées à ces armes n’a pas empêché le ministère de l’Intérieur de lancer, le 23 décembre dernier et comme le révélait Libération, un appel d’offres pour acquérir 1 280 nouveaux LBD.

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