Il y a 30 ans, le piercing n’était pas bien vu. Il signifiait une marginalisation de l’individu. Celui-ci se revendiquait différent des autres. Ce côté “borderline” a scandalisé la bourgeoisie. Aujourd’hui, c’est un accessoire de mode comme un autre, inscrit dans la société de consommation.
« Je suis fan de Shy’m et de la manière dont elle met ses piercings en valeur, explique Audrey, 19 ans, étudiante en droit à Bruxelles. Il y a trois mois, j’ai décidé de m’en faire un également. Je ne le regrette pas, même si ça fait très mal au début. »
« La mode va toujours chercher ce qui distingue, ce qui provoque et ce qui choque. Les piercings font partie de cette catégorie. Sous l’effet du star system, on n’assiste maintenant qu’à un recyclage de mouvements contestataires du passé, rappelle Chris Paulis, anthropologue à l’Université de Liège. Etre libre, avoir l’air sauvage sont les valeurs recherchées par une jeunesse qui ne connaît pas Mai 68. »
Ceci dit, certains jeunes piercés du nez démentent tout mimétisme avec les vedettes du moment. « Après mes études, je suis parti trois ans aux Etats-Unis. Je me suis passionné pour les Indiens et leur histoire. Ils portaient beaucoup de bijoux nasaux et, surtout (?), le piercing dans le septum , raconte Tom, 28 ans, futur ingénieur agronome. Si j’en ai fait un, c’est en souvenir de mes années en Amérique. C’est un acte réfléchi. »
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Si le piercing du septum est attirant, c’est également parce que c’est un bijou pratique à porter, affirment les tatoueurs. « On peut facilement le retirer et le cacher grâce à la pose d’un anneau ouvert », explique Martine du studio Rituals. Très visible lorsqu’il sort des narines, il peut rapidement se montrer discret lorsque les circonstances l’exigent – sur le lieu de travail, par exemple.
Pratique peut-être, mais peu apprécié du corps médical… « Si ce type de piercing est mal effectué, il peut causer un trou dans la cloison nasale. Du coup, la personne va émettre des sifflements à chaque respiration. Sans parler des croûtes et des saignements qui peuvent être vraiment gênants », explique le Dr Patrick Levie, oto-rhino-laryngologiste au cabinet Messidor à Uccle. Il conseille de bien réfléchir avant de passer à l’acte. « Les complications chirurgicales sont rares mais bien présentes. Alors choisissez consciencieusement le studio et informez-vous sur le professionnalisme des perceurs. »