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Les 7 plus gros couacs de l’année 2019

Pour entamer comme il se doit cette nouvelle année, voici la liste des plus gros couacs de 2019.

1/ La fausse arrestation de Dupont de Ligonnès

Une règle d’or du journaliste est de recouper les informations, avec plusieurs sources indépendantes les unes des autres.

Seulement le journaliste est souvent un feignant qui se contente de recopier des informations sans réfléchir. A l’heure d’Internet l’information circule à grande vitesse et cela ne favorise pas la réflexion. Ainsi des journalistes de BFM ont à de nombreuses reprises donné la position de personnes cachées dans des locaux attaqués par des djihadistes.

Le 11 octobre 2019 à 20 h, Le Parisien annonce, avec un bandeau « Exclusif » que Xavier Dupont de Ligonnès a été arrêté à l’aéroport international de Glasgow.

Mais rapidement, l’information réelle est qu’« un homme soupçonné d’être Xavier Dupont de Ligonnès a été arrêté ». La police française appelle à la plus grande prudence concernant l’identification du suspect. La police écossaise indique à 23 h qu’un homme a été arrêté et que son identification est en cours. Il ne s’agissait que d’une dénonciation anonyme, relayée aux autorités françaises par le bureau Interpol de Londres qui nécessitait une vérification. L’AFP relaye à 23 h 30 la tenue d’une perquisition à Limay (Yvelines) au domicile de l’homme arrêté. À minuit, le procureur de la République de Nantes appelle à la “prudence”, signalant que la concordance du suspect et du tueur n’est pas faite.

Cependant de nombreux journaux, sur la base de l’article du Parisien, font leur une affirmant sans nuance qu’il s’agit bien de Xavier Dupont de Ligonnès (certaines rédactions retirant le conditionnel à quelques minutes de leur bouclage) et les chaines d’information en continu diffusent des « éditions spéciales » toute la nuit et le lendemain matin. Interviewés tard dans la nuit et le lendemain matin, les voisins de l’homme arrêté déclarent aux enquêteurs et à la radio qu’il est impossible que l’homme arrêté soit Xavier Dupont de Ligonnès.

Le lendemain, le 12 octobre 2019, les médias remettent l’information au conditionnel et finalement les autorités annoncent à 12 h 55 que l’homme arrêté n’est pas Xavier Dupont de Ligonnès. Les analyses ADN confirment définitivement l’erreur sur la personne.

2/ Les nouveaux films Star Wars de Disney 

Disney a financé trois nouveaux films aux budgets pharaoniques, mais le management « a oublié » d’embaucher un scénariste pour écrire un fil directeur de la nouvelle trilogie. Un tel niveau d’incompétence est totalement hallucinant.

3/ WeWork, une entreprise qui loue des espaces de coworking 

En 2019 faillite de la société, mais son PDG escroc touche plus d’un milliard de dollars avant de démissionner !

Rarement la chute d’une start-up aura été aussi brutale.

Mise à mal par un business model bancal et un PDG escroc, la société a dû multiplier les décisions pour rester à flot après une introduction en bourse ratée. Elle a revendu plusieurs sociétés récemment achetées et Adam Neumann, le PDG, a démissionné.

Mi-octobre, WeWork devait renvoyer 2.000 employés, environ 13% de sa masse salariale, afin de réduire la voilure et de compenser les pertes. Mais l’entreprise est à ce point en manque de liquidités qu’elle a dû repousser ces licenciements : elle est incapable de s’acquitter des indemnisations !

Le PDG Adam Neumann s’est vu offrir une somme de 200 millions de dollars (180 millions d’euros) pour soutenir une reprise en main par SoftBank et abandonner les parts qui lui offrent un contrôle absolu sur sa société. Un peu plus tard dans la journée du 22 octobre, le Wall Street Journal évoquait un package total de 1,7 milliard de dollars, rachat d’actions inclus: un joli parachute, en platine très massif.

C’est donc SoftBank, holding et géante des télécommunications japonaise qui reprend la main sur WeWork. Le plan de sauvetage implique l’investissement de quatre à cinq milliards de dollars dans l’entreprise.

WeWork est une société immobilière qui a levé des milliards en prétendant être une pépite des nouvelles technologies. C’est ce qui explique le scénario cauchemardesque de sa tentative d’entrée en Bourse. Initialement prévue à une valorisation de 47 milliards de dollars, elle a dû être décotée à 20 milliards (une diminution soudaine de valorisation qui remet en cause bien sur la pertinence des anciens tours de financement).

Le modèle de WeWork est assez simple et connu. Il s’agit de sécuriser des baux de long terme pour des espaces de bureaux, pour ensuite les diviser en baux court terme, plus flexibles, avec une myriade de petites sociétés, et capitaliser sur la différence. WeWork s’est présenté comme une société de technologie avec les traditionnels ambitieux business plan, afin d’être valorisée comme une société de technologie. Elle présente en réalité un énorme risque immobilier : ses premiers baux furent signés en 2010 à des niveaux bas après la crise, mais depuis quelques années, la société s’engage dans des baux à prix élevés : en cas de récession, les petites sociétés qu’elles abritent peuvent mourir ou ne plus être capable de suivre cet ancien prix de marché : pour contrer cette menace, WeWork, initialement une société agile sans actifs, a du acheter des locaux : mais cette foncière ne saurait alors être valorisée comme une pépite technologique. Par ailleurs, cette pratique d’achat d’immobilier, dans un contexte de prix élevés, a amené le fondateur à faire des deals peu transparents avec des fonds d’investissements, des achats personnels d’immobilier ensuite loués à WeWork… Le fondateur a vendu énormément d’actions lors des tours de financement précédents. Cette valorisation exacerbée amène à se poser la question du principal financeur du groupe, Softbank : si WeWork est une caricature des excès de l’actuelle bulle technologique et immobilière, Softbank en est l’initiateur : groupe de télécoms fortement endetté, il participe à l’inflation des valorisations de start up avec son fond Vision de 100 milliards.

4/ Libra, une cryptomonnaie associée à Facebook

C’était une possible révolution des systèmes transactionnels, mais ça a été l’un des plus gros flops subis par l’un des GAFAM. Le 18 juin 2019, Facebook annonçait la création de Libra, sa propre cryptomonnaie, encadrée par une association du même nom, basée en Suisse et indépendante de Facebook. Au départ, 28 mastodontes avaient annoncé adhérer au projet, moyennant un apport financier de 10 millions de dollars chacun. Parmi les partenaires, on retrouve Iliad, Vodafone, Uber, Lyft ou Spotify. D’autres géants figuraient dans cette liste mais se sont retirés du projet en l’espace de 10 jours, du 4 au 14 octobre. Dans l’ordre : PayPal, Visa, Mastercard, Stripe, Ebay et Booking.com ont tour à tour jeté l’éponge. Face au scepticisme mondial que suscite Libra, Mark Zuckerberg a tenté de convaincre le Congrès américain le 23 octobre, pour évoquer, au bout du compte, un possible retrait de la cryptomonnaie (dont le lancement était initialement prévu au premier semestre 2020), si des accords réglementaires ne sont pas trouvés.

5 / Le Boeing 737 MAX 

L’avidité des managers de Boeing a provoqué la mort de centaines de personnes.

En mars 2019, après deux crashs successifs n’ayant laissé aucun survivant, celui du Vol 610 Lion Air le 29 octobre 2018 et celui du Vol 302 Ethiopian Airlines le 10 mars 2019 dans lesquels une activation intempestive du Maneuvering Characteristics Augmentation System (MCAS) (un système spécifique aux 737 Max) serait en cause, les 737 Max sont interdits de vol par la quasi-totalité des compagnies aériennes et des autorités nationales ou internationales, un cas sans précédent par son ampleur. La production est suspendue par Boeing à partir de janvier 2020.

Pour le développement de cette 4e génération du Boeing 737, un avion qui date de 50 ans, Boeing a décidé d’installer de nouveaux moteurs avec un diamètre plus grand (pour diminuer la consommation de carburant). En raison de la configuration de l’avion dont les ailes sont très près du sol, il a été décidé d’avancer les moteurs, ce qui a entraîné une modification aérodynamique de l’avion touchant la stabilité. En effet, les nacelles moteurs étant placées en avant du centre de gravité, elles sont déstabilisantes pour le pilotage. Il a été également nécessaire de rehausser le train d’atterrissage avant afin que les nouveaux moteurs ne touchent pas le sol. Les vols de test se sont cependant révélés très inquiétants et ont dû être interrompus. Dans un contexte de retard dans le développement de l’avion, il a été décidé d’opter pour un correctif logiciel pour pallier ce problème, le MCAS.

Le MCAS a une action répétitive et il peut prendre le pas sur toute manœuvre effectuée par un pilote qui tenterait de redresser l’avion en pilotage manuel, rendant vite la situation critique. Le pilote a très peu de temps pour réagir de manière adéquate. Dans ce genre de situation, le pilote doit appliquer de mémoire une procédure d’urgence.

Après un premier accident, des inspecteurs de la FAA  se sont rendu compte que Boeing avait désactivé le signal lumineux avertissant d’un problème de sonde d’incidence à l’origine du dysfonctionnement du MCAS, sans en prévenir ni les compagnies ni la FAA, et le proposaient désormais en option. Les inspecteurs avaient déjà émis l’hypothèse d’une suspension des vols, le temps de former les pilotes, mais l’avaient abandonnée. Ce n’est qu’après le deuxième accident que Boeing a décidé de réintroduire ce signal d’alerte pour tous les clients sans surcoût.

Fait démentiel : la formation prodiguée par Boeing sur le 737 max pour un pilote déjà certifié sur 737 ne prenait qu’une heure sur un IPad !

Boeing annonce le lundi 23 décembre se séparer de son directeur général, Dennis Muilenburg, afin de “rétablir la confiance dans l’avenir de la société”.  

6/ Windows 10, ou comment griller son PC

Windows balance beaucoup de « correctifs » foireux qui font que ce système est très instable.

Au mois de septembre, Windows a publié la mise à jour KB4512941 pour Microsoft 10, et cette dernière a fait quelques dégâts. La mise à jour a provoqué une hausse de l’utilisation du CPU par Cortana sur certaines machines, provoquant une surcharge du PC d’une partie des utilisateurs, alors même que ce dernier est au repos. Cet étrange bug surcharge de 30 à 40% l’utilisation du CPU. Le problème est lié à l’exécutable SearchUI.EXE, un processus auquel fait appel Cortana. L’utilisation de la mémoire est également touchée, puisque le système exploite plus de 40% de la RAM. De quoi entraîner de grosses difficultés au quotidien, notamment sur les petites configurations. Dans un tweet plutôt avare de détails, Microsoft reconnaît le problème du pack KB4512941 et promet de le corriger lors d’une prochaine mise à jour du système d’exploitation.

7/ Le PSG, l’objet de moquerie depuis toujours

Si on s’ennuie et qu’on veut rigoler un peu, il suffit de consulter les déboires en cours au PSG, ce club accueille régulièrement des personnalités chaotiques. Prenons le cas de Neymar.

Pour le joueur le plus cher du monde (acheté 222 M€ par le PSG en 2017), l’année 2019, entre blessures (pied, puis cheville) et ennuis extrasportifs (accusation de viol, altercation avec un spectateur au Stade de France), a été bien foireuse.

Le Brésilien se blesse fin janvier 2019 lors d’un match de Coupe de France contre Strasbourg et manque notamment le huitième de finale de Ligue des champions face à Manchester United qui voit le club de la capitale échouer pour la troisième saison consécutive à ce stade de la compétition. À cette occasion, Neymar est suspendu pour trois matchs par l’UEFA pour avoir critiqué avec véhémence l’arbitrage du match retour perdu par le PSG. Sur la scène nationale, lors de la finale de Coupe de France perdue par le PSG aux tirs au but face à Rennes, il gifle un supporter rennais. Pour ce geste, il écope de trois matchs de suspension ferme et, suite à la plainte du spectateur pour « violences volontaires », d’un rappel à la loi.

Le joueur connaît un mois de juin compliqué sur et en dehors des terrains, puisqu’il est visé par une plainte pour viol, tandis qu’une blessure contractée en match amical contre le Qatar le 5 juin 2019 le contraint à déclarer forfait pour la Copa América 2019.

Un dernier couac pour la route

Emmanuel Macron, le président stagiaire mis en place par la classe dominante, multiplie les échecs et ridiculise la fonction de président de la République à de nombreuses occasions. Voici un des plus gros couacs auquel il a été associé en 2019 :

En janvier, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), Chantal Jouanno, abandonne le navire du “grand débat national” destiné à sortir de la crise des gilets jaunes, après la polémique suscitée par son salaire.

“J’ai décidé de me retirer du pilotage de ce débat”, a déclaré l’ancienne ministre au journal de France 2, estimant que les débats nés sur son niveau de salaire (14.666 euros brut mensuel) étaient “légitimes” mais que les “conditions de sérénité nécessaires pour ce débat” n’étaient pas assurées.

“C’est une décision que j’ai prise parce que je crois en ce débat plus que nécessaire”, a-t-elle poursuivi.

“Le gouvernement prend acte de la décision de Chantal Jouanno et proposera à l’issue du séminaire gouvernemental une organisation et un mode de pilotage du Grand débat national qui présenteront des garanties équivalentes en termes d’indépendance et de neutralité”, a réagi auprès de l’AFP Matignon.

Chantal Jouanno déclare : “Je maintiens ma présidence. Ceci dit, je remets dans les mains du président de la République et du gouvernement en général, le niveau de rémunération de la présidente de la CNDP qu’il leur appartiendra d’arbitrer, comme les autres rémunérations des autorités indépendantes et des hauts fonctionnaires”

“Ça fait des décennies que je mène des débats, des articles, des meetings, des vidéos, bénévolement; je n’imaginais pas que c’était possible ce genre de trucs”, s’était indigné l’ancien inspecteur du travail et ex-représentant de l’aile gauche du PS, Gérard Filoche, sur Twitter.

Ce sera le mot de la fin.

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