L’équipe du magazine cherche son·sa repreneur·se.
Le magazine féministe a déposé une «requête d’une liquidation judiciaire sans cessation de l’activité» auprès du tribunal de commerce de Paris.
Causette cherche un repreneur. Le magazine «plus féminin du cerveau que du capiton» a déposé le 15 décembre auprès du tribunal de commerce de Paris une «requête pour la résolution du plan de continuation en vue d’une liquidation judiciaire sans cessation de l’activité».
Une audience est prévue le 9 janvier pour étudier les offres de reprise. Cinq éditeurs se sont déjà manifestés auprès du tribunal.
Une partie des salariés du magazine sont représentés par l’avocat Thomas Hollande. «Des salariés ont fait part de leur intention de présenter un projet de SCOP. C’est encore au stade embryonnaire, d’où leur volonté d’obtenir une poursuite d’activité de plusieurs mois», a expliqué ce dernier.
Le numéro de janvier est en cours de bouclage et sortira comme prévu.
Le magazine, créé en 2009, avait déjà subi un redressement judiciaire en 2015. En octobre dernier, la rédaction avait en outre annoncé souffrir de «sérieuses difficultés financières» menaçant son existence et lancé un appel aux dons. «Aidez-nous à sauver Causette», écrivaient alors les responsables du magazine.
Selon les données de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM), les ventes du magazine en France ont chuté de plus de 20% au cours des 12 mois achevés en juin, à 47 000 exemplaires en moyenne (dont 17 000 sur abonnement).
Les recettes de Causette, qui veut dépendre le moins possible de la publicité pour garantir son indépendance et combattre les stéréotypes véhiculés par certains annonceurs, proviennent quasi exclusivement des ventes par abonnement ou en kiosque, un modèle rarissime dans la presse française, qui plus est pour un magazine féminin. Les ventes représentent 95% de son chiffre d’affaires, contre 4% seulement pour les publicités.
En 2014, la rédaction, qui comptait alors une quinzaine de salariés titulaires, avait été secouée par huit arrêts maladie, quatre départs et autant de procédures en cours. Les journalistes déploraient alors le comportement de Grégory Lassus-Debat, fondateur et directeur de la publication. «C’est parti en live dans sa tête, déclare une ex-collaboratrice. Il est devenu méfiant, parano, mégalo.» «Il veut tout voir, tout contrôler», racontait un autre salarié. Une motion de défiance avait alors été votée contre la rédactrice en chef, Liliane Roudière, avant qu’une grève ne soit entamée. Le débrayage avait finalement pris fin grâce à la médiation d’une membre du bureau national du Syndicat national des journalistes (SNJ). Celle-ci avait constaté l’«amateurisme et un gros manque de rigueur».
En 2016, la Cour d’appel de Paris a condamné le magazine pour harcèlement moral. Elle confirmait ainsi la condamnation du magazine devant les prud’hommes, saisis par une ancienne employée. Dans ses conclusions, le conseil des prud’hommes évoquait des «remarques blessantes» de la part de la direction, qui «deviennent souvent violentes, brutales et humiliantes». Il parlait également des «crises de colère du directeur de la publication qui sont très souvent accompagnées de menaces de licenciement», ou de «nombreux mails individuels ou collectifs dans lesquels apparaissent clairement des propos très déplacés voire très incorrects, indignes d’un responsable d’une entreprise». Grégory Lassus-Debat est depuis passé «gérant du magazine». Il serait ainsi moins présent dans la rédaction.