Ozinzen

Si vous vous demandez pourquoi la France n’est pas une démocratie…

Voici quelques extraits du livre “Le Président absolu: La Ve République contre la démocratie“, de Philippe Fabry :

La Cinquième République peut se résumer à un régime autoritaire dans lequel une élection intervient tous les cinq ans.

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Il faut récuser la catégorie du régime dit « semi-présidentiel » pour désigner les pays cumulant confusion des chefs d’État et de gouvernement, car cette appellation donne une fausse impression de modération, de compromis, de juste milieu, alors qu’il n’est que de dresser la liste des États correspondant à cette appellation pour constater que ce ne sont pas des systèmes démocratiques : la Russie, l’Algérie, l’Egypte, la Syrie entrent dans cette catégorie, et force est de constater que ces régimes sont en réalité « hyperprésidentiels », la présidence écrasant tous les autres organes de pouvoir.

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Quelle est donc cette culture politique autoritaire ?
L’esprit de cour s’est développé, dans le monde proprement politique mais aussi dans le monde médiatique, artistique et économique, puisque dans un pays où l’État pèse 57% du PIB, l’influence du chef de l’État et du gouvernement est d’autant plus centrale.

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Là où, chez tous nos voisins, le siège du pouvoir politique demeure le Parlement, chez nous c’est l’Elysée.

Or à l’Elysée, il n’y a pas de débats.

On n’entend que de temps en temps quelques échos de ce qui a pu se dire en coulisse, selon ce qui arrive à fuiter dans la presse. Mais nous sentons bien que l’essentiel, plus que jamais, échappe au débat public.
Et quand le débat public se tient, en quoi consiste-t-il ? Largement en débat autour de la personnalité et de la décision présidentielle.

Le commentaire politique consiste à tenter de pénétrer les arcanes de la pensée présidentielle comme celle d’un surhomme ou d’une divinité, de deviner pourquoi le Président fait ce qu’il fait, plutôt de que s’interroger sur la nécessité ou la pertinence de faire cela, ou même sur le fait de savoir si le Président a le droit de faire ce qu’il fait.

Le débat politique lui-même, dans ce qu’il a de plus fondamental, a régressé en-deçà du XVIIIe siècle, avec des interrogations fréquentes sur les qualités qui font le bon Président, sur le modèle de ces Miroirs des Princes qui furent durant des siècles le genre par excellence de la réflexion politique sur le bon gouvernement.

Or, jamais ces questions ne furent réglées, car le « bon prince » n’existe pas.

Ces interrogations lancinantes ne furent tranchées que par l’invention de la séparation des pouvoirs, qui mit tout simplement fin au problème du prince les cumulant tous.

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La presse, le « quatrième pouvoir », n’est désormais pas plus séparée des autres pouvoirs qu’ils ne le sont entre eux : les subventions à la presse écrite, qui se sont multipliées à partir du milieu des années 1980, font de celle de l’Hexagone la plus « aidée » d’Europe, selon le Sénat, et selon des mécanismes d’aides directes qui sont inexistantes chez nos voisins d’Allemagne, d’Espagne, du Royaume-Uni.

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