En 1990, on comptait 30 % de femmes médecins.
En 2013, on comptait 41 % de femmes médecins et 62 % des étudiants en médecine-odontologie étaient des femmes (source INSEE) .
Les femmes vont donc devenir largement majoritaire dans la profession de médecin. Concilier vie professionnelle et vie personnelle est un défi pour les médecins, car cette profession est très exigeante.
Du côté des patients, certains craignent que dans le futur les médecins soient de moins en moins disponibles. Ceux-ci étant en sous-effectif, il deviendrait de plus en plus difficile d’avoir un rendez-vous chez un médecin généraliste. Selon un dossier de l’INSEE, les médecins femmes prennent plus de temps partiel et davantage de semaines de vacances que leurs homologues masculins.
L’emploi du temps des médecins libéraux – dossier INSEE
Les médecins libéraux ont en théorie le choix de leur emploi du temps.
Difficile de parler d’horaires tant la forme des journées appartient à chacun. Néanmoins, un constat assez général s’impose : les journées travaillées sont longues. Elles démarrent selon les praticiens entre 7 heures 30 et 9 heures 30, le plus souvent entre 8 heures et 9 heures et généralement plus tôt pour les généralistes que pour les spécialistes. Nombre d’emplois du temps font apparaître des journées de travail qui se terminent au-delà de 20 heures. Ainsi, il n’est pas rare de trouver des journées de 10 à 12 heures de travail. Pour les généralistes, la fin de journée est très souvent la période la plus chargée en particulier dans le cas de consultations sans rendez-vous ; la journée présente alors la caractéristique de se terminer sur les chapeaux de roue et à un horaire incertain.
Les praticiens rencontrés déclarent travailler entre 24 et 70 heures par semaine et prennent pour certains douze semaines de vacances, pour d’autres, aucune. Ces écarts de niveau d’activité déclaré sont considérables d’un médecin à l’autre : la durée annuelle de travail varie ainsi du simple au triple entre les médecins de l’échantillon
Un effet de genre s’observe très nettement : les médecins femmes ont plus souvent des semaines moins intenses et davantage de semaines de vacances que leurs homologues masculins.
Extraits d’un article paru sur passeportsante.net, un site d’information médicale canadien :
La profession médicale se féminise, c’est un fait, il n’y a qu’à voir la proportion de jeunes femmes dans les amphithéâtres des facultés de médecine. C’est vrai au Québec, mais c’est vrai aussi en France et dans tous les pays développés.
…
la féminisation de la profession soulève des problèmes nouveaux pour les médecins elles-mêmes. Car devenir médecin quand on est une femme n’est pas seulement un défi intellectuel et professionnel. C’est un défi de vie.
…Une profession exigeante
Aucune autre profession – sauf, peut-être, celle de militaire de carrière – n’est aussi exigeante et ne pèse aussi lourd sur la vie privée des individus.
…
Lorsque les médecins étaient majoritairement des hommes, ils pouvaient souvent compter sur leurs compagnes pour assurer l’intendance de la vie de famille – parfois avec l’accord de celles-ci, parfois à leurs dépens. Quand les deux conjoints sont médecins, les revenus communs et le choix de modes d’exercices compatibles avec la vie de famille permettent parfois de trouver des solutions. Mais pas toujours.Mais à mesure que la profession se féminise, les femmes médecins affrontent de nouvelles difficultés lorsqu’il s’agit de concilier leur métier et leur vie de famille.
…
Un autre phénomène, qui ne concerne pas seulement les médecins, se profile à l’horizon. Dans toutes les sociétés, les femmes forment le plus souvent un couple avec un compagnon de niveau socio-économique égal ou supérieur au leur. Or, le corps médical est l’un des milieux socio-économiques les plus élevés. De plus, les médecins (hommes et femmes) ont, depuis longtemps, tendance à chercher un conjoint dans le milieu médical – car ils ont peu de temps et d’occasions pour nouer des relations sentimentales hors de leur milieu de travail. Je n’ai évidemment pas de chiffres en main (il est cependant possible que les institutions professionnelles tel le Collège des médecins du Québec en possèdent), mais il ne serait pas surprenant qu’avec les années, vu l’inversion démographique de la profession, un nombre croissant de médecins femmes ne trouvent pas de compagnon avant la fin de leurs études, aient beaucoup de mal à en trouver un une fois installées et, de ce fait, retardent le moment de fonder une famille. Ce qui peut également faire craindre qu’un nombre croissant de femmes médecin seront amenées à vivre des grossesses tardives, ou à ne pas avoir d’enfants du tout.
…
On peut donc aussi présumer que le désir de concilier vie de famille et vie professionnelle amène un grand nombre – et peut-être la majorité – des femmes médecins à éviter les spécialités les plus chronophages. Et comment le leur reprocher ? Soigner est un métier magnifique; ça ne justifie pas pour autant de tout lui sacrifier.
…
ce qui guette tout professionnel de la santé, quel que soit son genre, lorsqu’il s’investit dans son travail, mais ne parvient pas à avoir, par ailleurs, une vie personnelle épanouissante et pleine et le repos nécessaire pour « recharger ses batteries », c’est le burn-out. Une personne écartelée entre des investissements opposés ou conflictuels finit par lâcher d’un côté… ou des deux.
…
La seule solution équitable consiste à repenser l’organisation du système de santé afin que celles et ceux qui travaillent ne le fassent ni à leurs dépens ni aux dépens d’un service de qualité. C’est une réflexion vaste, et profonde. Elle nécessite de prendre en compte la vie personnelle des hommes et des femmes qui soignent (médecins, mais aussi infirmiers, infirmières, ergothérapeutes, etc.), dans leur spécificité, en disant ceci : si nous voulons que des personnes se consacrent au soin, nous devons, en tant que société, examiner les pressions qui s’exercent sur ces professionnels et chercher, avec eux, avec elles, les moyens de les atténuer. Pour que les professionnels de la santé prennent soin des patients, il faut aussi que la société prenne soin d’eux.