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Vaincre le tabou de l’infidélité féminine : « il y a des moments qu’il faut vivre jusqu’au bout »

Les médias sont unanimes : le cocufiage c’est cool et tendance.

« À l’heure où la filiation classique au sein du mariage perd de l’importance, pourquoi l’infidélité féminine devrait-elle rester un problème? » – une féministe

Extrait :

“Ça ne m’est pas arrivé qu’une seule fois, loin de là”, glisse Lola dans un sourire lorsqu’on l’interroge sur ses infidélités. Au cours de sa dernière relation, qui a duré plus de sept ans et s’est terminée à la fin de l’année dernière, la jeune femme de 25 ans estime avoir trompé son conjoint au moins une dizaine de fois. “La première, c’est quand on commençait tout juste à sortir ensemble. C’était l’été, on passait quasiment deux mois à distance et j’ai couché avec deux mecs en vacances, se remémore l’étudiante en master. En rentrant, je suis tombée amoureuse de mon copain et je n’ai pas vu l’intérêt de lui dire.”

Si, comme Lola, 37 % des Françaises ont déjà trompé leur conjoint au cours de leur vie, le pourcentage de leurs compatriotes masculins infidèles s’élève à 45 %, d’après une étude Ifop*. Selon l’institut, ce clivage s’expliquerait notamment par une socialisation sexuelle très genrée, mais aussi par un “certain contrôle social sur les comportements sexuels des femmes”. La perception de l’infidélité féminine en France va dans ce sens: 77 % des femmes interrogées par l’Ifop ont le sentiment que leur entourage est davantage choqué par une femme qui trompe son conjoint que l’inverse.

Romane, 28 ans, a déjà subi cette désapprobation. Ayant été infidèle à plusieurs reprises, il lui est arrivé de sentir un jugement de la part de certaines de ses amies plus âgées. “J’ai réalisé que, dans l’imaginaire collectif, une femme ‘volage’ n’est pas sérieuse et a un mauvais fond, alors qu’il n’y a aucun rapport, souffle la jeune femme. Je le vois aussi avec mon grand frère : il a énormément trompé ses copines précédentes et notre entourage dit de lui qu’il est un tombeur, alors que l’on m’assène de faire attention et que mon comportement n’est pas sérieux. Il y a deux poids deux mesures alors qu’il s’agit de la même chose. La seule différence, c’est que je suis une femme et lui un homme.” Si le cliché du “beau gosse” qui enchaîne les conquêtes versus celui de la “salope” qui ne se respecte pas est encore très prégnant, il faut faire un bond en arrière d’une dizaine de millénaires pour l’expliquer.

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L’attirance physique pour un autre : première motivation des Françaises infidèles

En 2019, les femmes paient toujours les conséquences de ces millénaires de pressions et de conditionnement, entretenus par les stéréotypes de genre. Par exemple, outre la traditionnelle “salope”, les idées reçues sur l’infidélité féminine sont tenaces, parmi lesquelles le fait qu’une femme ne trompe que si elle se sent délaissée ou si elle tombe amoureuse d’un autre homme. Pourtant, selon l’Ifop, la première motivation des Françaises infidèles est l’attirance physique ou sexuelle pour une autre personne (à 52 %). Le manque d’attention, d’affection ou de tendresse de la part de son conjoint ne vient qu’en deuxième position (47 %), et les sentiments pour une autre personne (31 %) en sixième, derrière l’envie de profiter de l’opportunité qui se présente (37 %), le manque d’épanouissement sexuel avec son conjoint (36 %), et le désir de retrouver la magie des premiers instants d’une relation (35 %).

Lola opine : pour elle, l’infidélité, ce n’est pas forcément parce qu’un couple va mal. “Après plusieurs années de relation, il m’est arrivé d’avoir des coups d’un soir parce que j’avais un feeling incroyable avec quelqu’un en soirée, point, insiste l’étudiante. À la base, je n’ai jamais eu la volonté de tromper mais je pense juste qu’il y a des moments qu’il faut vivre jusqu’au bout. Quand ça nous tombe dessus, il ne faut pas se poser de questions.”

Même son de cloche chez Romane. “Quand j’ai trompé certains de mes copains, ce n’était pas du tout parce que j’étais malheureuse ou délaissée; ça s’est fait en soirée ou en voyage, quand je rencontrais quelqu’un qui me plaisait et que je sentais une réciprocité. Tu as envie, tu y vas, ce n’est pas prémédité”, raconte la jeune femme, en évoquant également le plaisir de la séduction, et, pour un ex en particulier, le manque d’alchimie sexuelle.

“Pourquoi l’infidélité féminine devrait-elle rester un problème?”

Si mettre un terme au tabou de l’infidélité féminine permettrait de déconstruire les stéréotypes sur le sujet, cela contribuerait également à l’égalité femmes-hommes en matière de sexualité. “Dès lors que l’on arrêtera de poser le jugement de valeur selon lequel tromper est plus grave pour une femme, on aura fait avancer la société, martèle Virginie Girod. Aujourd’hui, on change de paradigme social : la femme qui a un enfant hors mariage n’est plus une salope qui met au monde un bâtard, le mariage pour tou.te.s est légal, la PMA se développe, la GPA va sûrement se démocratiser dans les années à venir… À l’heure où la filiation classique au sein du mariage perd de l’importance, pourquoi l’infidélité féminine devrait-elle rester un problème?”

En toile de fond, il s’agit de dédramatiser la sexualité afin qu’une aventure extra-conjugale ne soit plus assimilée à une affaire d’honneur ou de possession.

* Étude Ifop pour Gleeden.com réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 15 avril 2019 auprès d’un échantillon de 5 026 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus, résidant en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.

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