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Y aura-t-il assez de spermatozoïdes pour toutes les prétendantes à la procréation médicalement assistée ?

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En France, les couples hétérosexuels infertiles doivent déjà patienter environ deux ans et demi pour un don de sperme.

L’ouverture de la PMA à toutes les femmes (femmes célibataires ou en couples lesbiens) sera présentée au Parlement en 2018, selon la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa.

Aujourd’hui ouverte aux hétérosexuels uniquement, la PMA peut permettre à un couple de concevoir un enfant à l’aide d’un don d’ovocytes ou bien de spermatozoïdes. Le double don n’étant pas autorisé en France. Pour en bénéficier, un des membres du couple doit souffrir d’une infertilité diagnostiquée médicalement ou bien être porteur d’une maladie grave, susceptible d’être transmise au conjoint ou à l’enfant. Une fois le dossier du couple accepté, les noms des conjoints rejoignent une liste d’attente.

Selon Béatrice Delepine, du service de génétique et de biologie de la reproduction du Cecos-CHU de Reims :

“Généralement, en France, un couple patiente environ dix-huit mois avant de pouvoir bénéficier d’un don de sperme. L’attente est bien plus longue pour les dons d’ovocytes, encore plus rares.”

Sans aller jusqu’à parler de pénurie de gamètes mâles, la biologiste considère que la PMA avec don “fonctionne à flux tendu”. Ce que confirme l’agence de la biomédecine, qui parle d’un ratio d’un don pour un couple. De quoi inquiéter certains professionnels de la santé, pro comme anti-PMA pour toutes.

En 2015, seulement 255 hommes ont donné leur sperme pour aider des couples infertiles à procréer.

Etant donné qu’un homme donneur de sperme ne peut pas être le père de plus de 10 enfants, pour des raisons éthiques et biologiques (limiter les risques de consanguinité), et que “les futurs parents ont tendance à préférer un donneur qui leur ressemble”, la liste d’attente s’allonge pour les futurs parents.

Une campagne de sensibilisation se déroulera tout au long du mois de novembre cette année. L’objectif : augmenter le nombre de donneurs, pour créer une réserve de gamètes mâles. Les candidats visés par la campagne sont des hommes entre 18 et 45 ans qui ont un sperme sain. Depuis 2016, ils n’ont plus besoin d’être déjà pères pour donner.

L’existence d’une réserve résoudrait la question de la disponibilité des gamètes mâles. Mais face à la variété des profils de femmes qui pourront prétendre à la PMA, il faudra également s’interroger sur l’accessibilité de ces spermatozoïdes. Pour Béatrice Delepine, qui n’est “pas contre” la PMA pour toutes, la situation des couples hétérosexuels infertiles n’est pas exactement la même que celle des femmes célibataires ou des couples de personnes de même sexe.

La PMA existe aujourd’hui pour pallier une infertilité médicale et non structurelle. Lorsqu’un couple hétérosexuel fait appel à des gamètes mâles au cours d’une PMA, “c’est parce que l’homme ne produit pas ou pas assez de spermatozoïdes”. Ce qui n’est pas le cas des “femmes seules ou en couple, chez lesquelles l’absence de sperme n’est pas pathologique”, explique Béatrice Delepine.

Est-ce à dire que le caractère pathologique de l’infertilité pourrait créer une priorité dans l’ordre d’accès aux gamètes ? La question, encore jugée “prématurée” par les experts, pourrait se poser à l’avenir.

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