Vous marchez dans une rue tranquille d’une grande ville, et soudain vous observez sur le sol des centaines d’objets métalliques, des capsules argentées.
Ces capsules sont vendues dans les magasins et sur internet, pour un faible prix. Elles contenaient du gaz, et en principe servaient à fabriquer de la crème chantilly à l’aide d’un appareil appelé « siphon à crème chantilly ».
Dans certains pays du tiers-monde, des gamins sniffent de la colle pour oublier la misère. En France, des gamins sniffent du gaz pour siphon à crème chantilly. La France n’est pas encore au niveau de Calcutta, mais on s’en rapproche lentement et sûrement.
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié en 2018 une enquête sur les nouvelles tendances de consommation et des nouvelles drogues sur le marché. Il en ressort une forte croissance de la consommation de cocaïne. Une autre tendance émerge : le retour des gaz hilarants, comme le protoxyde d’azote présent dans les cartouches que l’on met dans les appareils pour faire de la chantilly.
La consommation explose
La consommation est très répandue dans le quartier de la Paillade à Montpellier comme le confirme Bilal, lycéen : “Ce sont des petites capsules grises, on en voit partout dans la rue”. Une fois utilisées, les capsules sont jetées comme des mégots, il suffit de baisser la tête pour en voir au pied des arbres ou derrière les bancs.
Ces cartouches contiennent du protoxyde d’azote, un gaz hilarant anesthésiant utilisé en médecine. Pour les inhaler, les jeunes utilisent un siphon ou un ballon de baudruche. “Tu aspires puis tu expires plusieurs fois de suite et ça monte à la tête. Tu as envie de rire et tu es défoncé pendant 30 secondes”, explique cet adepte.
Les jeunes en parlent librement car ils savent que tout ça est légal : ces capsules sont en vente libre dans les supermarchés et ne coûtent pas très cher (un euro l’unité, moitié moins si vous les achetez en gros).
Attention danger
“À l’origine, ce gaz hilarant a été utilisé occasionnellement lors des soirées étudiantes, mais actuellement, on assiste à une dérive et les consommateurs sont de plus en plus jeunes. Une consommation répétée n’est pas anodine car en inhalant du protoxyde d’azote, on s’asphyxie et cela peut entraîner des problèmes cardiaques et neurologiques et également une carence en vitamine”, explique Hélène Donnadieu-Rigole, addictologue au CHU de Montpellier.
Cette toxicomanie « légale » peut pousser les jeunes vers d’autres drogues interdites et encore plus dangereuses.