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L’amour au temps du coronavirus : porno, sexto à la Griveaux et Uber pour braver le confinement

« Mes habitudes sexuelles sont complètement bousculées. J’avais l’habitude de faire appel à mes plans cul, et du coup je ne peux plus ! » Comme pour la plupart des célibataires depuis trois semaines, confinement rime avec abstinence forcée pour Leslie, 24 ans. Un moment difficile à vivre, d’autant plus que sa libido « a explosé les premières semaines ». Pour compenser, la jeune femme s’est tournée vers le porno : « J’en consomme plus qu’avant. À un moment, c’était même tous les jours… »

Si sa libido a un peu baissé depuis – « l’habitude du confinement et la tristesse un peu latente d’être enfermée » –, elle continue de surfer sur les applications de rencontre « pour rompre la solitude ». Il y a quelques jours, Leslie a même expérimenté le « visio-date », un rendez-vous avec un homme rencontré en ligne par discussion vidéo. « C’est extrêmement frustrant de ne pas pouvoir toucher la personne ni de sentir sa présence, mais ça se substitue aux vraies rencontres en attendant. »

Hausse de l’activité sur Meetic

Contre toute attente, les applications de rencontres ne sont pas effondrées avec le confinement. Chez Meetic, si l’on a bien observé une baisse de 20 % de l’activité le dimanche suivant la fermeture des bars et des restaurants, les échanges de messages et les inscriptions ont repris de plus belle dès la semaine suivante. « Traditionnellement, le premier dimanche de janvier est le plus fort pour le secteur, bénéficiant des bonnes résolutions de la nouvelle année, explique Héloïse des Monstiers, directrice France de Meetic. Eh bien, dimanche 22 mars, on a frôlé cette activité record ! »

Malgré le confinement, Simon, 24 ans, continue aussi de surfer sur Tinder et Grindr comme il en avait l’habitude, mais il a été contraint d’abandonner les rencontres physiques, même si « certains insistent encore pour se voir sous prétexte qu’ils ne sont pas malades ». Tout au plus a-t-il eu quelques premiers rendez-vous par vidéo. « On est tous un peu frustrés », concède Simon, même s’il préfère philosopher : « Ce n’est que pour quelques semaines. En temps normal, plein de gens n’ont pas de relations sexuelles pendant plusieurs semaines et y survivent, donc, on y survivra. »

Sidonie n’est pas célibataire, mais le confinement est venu porter un coup d’arrêt aux rencontres extraconjugales qu’elle menait sur les applications comme Tinder, Bumble ou Feeld, ayant choisi avec son mari d’ouvrir son couple quelque temps avant la crise sanitaire. « Ça a créé une légère frustration, surtout au début parce qu’on a tous les deux envie de vivre notre sexualité comme ça, de manière libre et décomplexée. »

En attendant, le couple, en télétravail, profite du confinement pour explorer sa sexualité. « On a un volume de travail très amoindri, ce qui laisse le temps pour des petites pauses ou une sieste coquine de temps en temps, sourit-elle. La frustration de ne plus pouvoir faire de rencontres extraconjugales est très vite passée, grâce à la qualité de notre vie sexuelle en ce moment, et à la discussion. »

Pas de libido exacerbée

« Je n’ai pas le sentiment que le confinement exacerbe la libido, au contraire même », décrit de son côté Loïc, 30 ans, confiné seul dans son appartement. « Je vis assez bien l’abstinence et consacre cette énergie dans mon travail et dans le développement de mon île sur Animal Crossing. » Célibataire depuis quelques mois, il est inscrit sur Tinder, qu’il continue d’utiliser. « Ça met probablement un peu de nouveauté dans ce quotidien devenu monotone », explique-t-il. Loïc avoue toutefois avoir cédé à la tentation et bravé le confinement. « Ce n’est pas raisonnable, mais je suis allé rejoindre une fois, en prenant un Uber le soir, une fille rencontrée sur Tinder il y a deux mois. »

Si les applications de rencontres ont toujours la cote pendant le confinement, les usages ont profondément changé. « Le fait de savoir qu’on ne se rencontrera pas de sitôt change les raisons de les utiliser et la nature des conversations », observe Loïc. « La séduction est presque passée au second plan, acquiesce Alexis, 30 ans. On discute beaucoup plus. » « C’est une manière complètement différente d’aborder les choses, estime Leslie. On est extrêmement soumis à nos émotions dans cette période, alors, on est beaucoup plus vulnérables dans nos échanges. J’ai l’impression d’être beaucoup plus moi-même. »

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