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Matt Damon est accusé de racisme car il joue dans un film sur la grande muraille de Chine

matt damon

Lesinrocks.com dénonce Matt Damon qui serait selon ce journal le seul héros du film « La Grande Muraille ». Un nouveau cas de discrimination politiquement correcte.

Au milieu de la foule, le Blanc Matt Damon est-il le seul à pouvoir sauver la Muraille de Chine des monstres qui en font l’assaut ? C’est l’actrice chinoise Constance Wu – de la série Fresh Off the Boat – qui s’est indignée sur son compte Twitter concernant le choix de casting incohérent de cette épopée d’héroic fantasy, aventure chevaleresque prévue pour le 15 mars 2017. “Nous devons arrêter de perpétuer le mythe raciste selon lequel seul l’homme blanc peut sauver le monde. Ce n’est basé sur aucun fait réel. Nos héros ne ressemblent pas à Matt Damon, ils ressemblent à Gandhi. À Mandela. L’argent est la pire excuse pour ce genre de pratiques. Nous aimons notre couleur et notre culture, nos histoires (et si ce n’est pas le cas, nous devrions). Nous n’avons pas besoin des Blancs pour nous sauver de quoi que ce soit“.

Un jugement qui ferait de Matt Damon un équivalent du Tom Cruise du Dernier Samouraï, à savoir l’intrus héroïsé d’une culture étrangère qu’il s’approprie. Plus qu’un tweet en l’air, cette remarque incisive s’intègre à l’épais dossier dit du “whitewashing”, de plus en plus encombrant au regard d’une usine à rêves discriminatoire.
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Les propos de Constance Wu à propos du spectacle mégalo de Zang Yimou (Le secret des poignards volants, Hero) mettent en lumière une réalité plus contemporaine. Ils s’inscrivent dans la lignée directe des nombreuses critiques émises à l’encontre du projet Ghost in Shell, les producteurs ayant vraisemblablement choisi pour cette adaptation live de l’animé de Mamoru Oshii d’opter pour un archaïque “yellowfacing” sur la personne de Scarlett Johansson, incarnant Motoko Kusanagi, protagoniste japonaise de l’oeuvre originelle. La même année s’est instauré une controverse concernant Gods of Egypt, péplum rococo d’Alex Proyas, blockuster étrangement épuré en têtes de casting de tout acteur égyptien. Un écho malheureux au tout aussi rutilent Exodus de Ridley Scott, perpétuant l’édifiante logique du film biblique américain, selon laquelle la nationalité des comédiens principaux doit être aux antipodes de celle des personnages incarnés. Du Roi David (1985) à La passion du Christ (2004), les exemples sont légion.

Ardu finalement de ne pas relier cette situation à la campagne #OscarsSoWhite, lutte pour le respect égalitaire dans le milieu du spectacle, médiatisée lors de la dernière Cérémonie des oscars. Par son coup de gueule personnel, et indépendamment de la qualité finale du spectacle, Constance Wu nous suggère avant toute chose la constance – négative – de l’industrie, cette dominante chromatique certainement plus affinée qu’au temps du Code Hays et de Visages d’Orient (production MGM de 1937 se focalisant sur la blanche Luise Rainer, maquillée “à l’orientale”)… Mais toujours bien intacte.

 

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