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Si un médecin fait des reproches à son patient, c’est de la maltraitance !

Dans son nouvel ouvrage « Les Brutes en blanc », Martin Winckler veut dénoncer une médecine déshumanisée.

Extrait d’une interview du site elle.fr
ELLE. Qu’est-ce qu’un médecin maltraitant ?
Martin Winckler. La relation avec le soignant devrait être une relation – pour la simplifier au maximum – dans laquelle le patient se sent mieux en sortant du bureau de son médecin qu’en y entrant. Même s’il n’est pas moins malade, il doit se sentir rassuré : soulagé d’avoir été entendu, d’avoir pu poser ses questions, de ne plus se sentir seul face à la maladie. Si, au contraire, on lui a fait des reproches, des menaces, du chantage, des remarques sexistes ou désagréables sur son physique, c’est de la maltraitance.

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ELLE. À travers les témoignages sur la contraception, l’IVG, la PMA, beaucoup ont le sentiment d’être infantilisées, engueulées, jugées… autant de signes d’un certain sexisme ?
Martin Winckler. Les médecins ne sont pas exempts de sexisme dans une société qui en est profondément empreinte. Il n’y a qu’à regarder la manière dont les femmes sont traitées dans la publicité, au travail, dans la rue… Mais, en plus, ils reproduisent un sexisme découlant d’une conscience de classe. En France, la sélection des étudiants en médecine porte surtout sur des personnes issues de milieux favorisés. Ils s’apprêtent à soigner les « bons » patients : ceux qui sont comme eux, parlent comme eux, s’habillent comme eux. Pas ceux qui parlent mal le français et relèvent de la CMU.

Tout au long de leurs études, on leur répète que soit ils feront partie de la crème de la crème, soit ils seront des généralistes. Cette hiérarchie des valeurs est intégrée, avec l’idée que le médecin est en dehors de la société, au-dessus des autres. Cela laisse la porte ouverte au sexisme, au racisme, à l’homophobie… Comme les femmes consultent beaucoup pour des soins primaires, certains médecins se permettent de leur dire comment elles doivent vivre. Si un gynécologue n’est pas d’accord avec le fait qu’une femme ait une vie sexuelle à 15 ans ou qu’elle se fasse ligaturer les trompes, non seulement il va le lui dire, mais l’en empêcher. Et preuve que c’est un problème systémique : certaines femmes de la profession reproduisent les mêmes travers.

Si un médecin fait des reproches à son patient ou des remarques désagréables sur le physique, c’est de la maltraitance selon Martin Winckler.

Dans ce cas, que doit faire un médecin si par exemple un patient obèse vient consulter ? Son surpoids est-il un sujet tabou ?

L’emploi du mot « maltraitance » est abusif dans cette interview. A force de dire que tout peut être de la maltraitance, le résultat c’est que ce mot va finir par ne plus avoir le moindre sens.

« Oh, il m’a regardé de travers quand je lui ai dit qu’on peut être obèse et en bonne santé ! C’est de la maltraitance, je vais porter plainte pour le faire radier de l’ordre des médecins ».

Si les médecins sont parfois distants ou secs avec des patients, c’est aussi un mécanisme de défense psychologique face aux défilés de malades qu’ils doivent soigner tous les jours. Il faut trouver un équilibre et éviter les écueils d’une médecine déshumanisée ou d’une médecine paralysée par de la sensiblerie.

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