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Paris : des camions publicitaires pour encourager la prostitution des étudiantes

La campagne publicitaire du site RichMeetBeautiful a réussi à faire parler d’elle. Ce site de rencontres entre des hommes riches et des jeunes femmes “ambitieuses” à la recherche “d’expérience” fait scandale.

Les “Sugar Daddies” et “Sugar Babies” sont au coeur d’un business qui fait l’objet d’une campagne de camions publicitaires qui déambulent dans les rues de Paris.

Ces dernières heures, des internautes ont partagé sur les réseaux sociaux leur indignation face à l’installation devant l’université parisienne René Descartes d’un panneau incitant les étudiantes à s’inscrire sur le site de rencontre. Selon eux, cette campagne encourage la prostitution des étudiantes pour financer leurs études.

Sur Twitter, le compte de liaison de la mairie de Paris a réagi aux signalements de citoyens sur la présence d’une telle publicité, en affirmant avoir “transmis aux autorités compétentes”. De son côté, le Premier Adjoint à la Maire de Paris chargé de la culture, Bruno Julliard, a “condamné avec fermeté la présence de ce camion publicitaire abject” dans la capitale. Hélène Bidard, adjointe communiste à la mairie de Paris chargée de l’égalité femmes-hommes affirme avoir “saisi le procureur pour que la plateforme Pharos ferme ce site et que ces pubs soient retirées”.

Si un tel panneau suscite la polémique, elle n’a fait que traverser la frontière franco-belge. Fin septembre, RichMeetBeautiful avait créé la colère de personnes accusant le site de sexisme, d’incitation à la prostitution et à la “débauche” après son installation devant des universités en Belgique. Plusieurs plaintes en ce sens ont d’ailleurs été déposées et une enquête du parquet de Bruxelles a été ouverte. Objectif : vérifier la conformité d’une telle publicité devant la loi.

Pour la présidente de l’Union des étudiants de la communauté française cette campagne est “complètement immorale”. “De plus en plus d’étudiants ont des difficultés sociales ou économiques, expliquait Opaline Meunier à l’AFP au moment de la polémique belge. On sait que le phénomène de la prostitution étudiante gagne du terrain, et voilà une entreprise qui exploite la détresse de ces jeunes femmes pour faire des profits !”, a expliqué sa présidente.

Le PDG du site plaide pour “un malentendu définit par la culture locale”.

“Certains de nos précédents lancements ont provoqué une incompréhension, et c’est visiblement le cas à Paris aussi, explique Sigurd Vedal. Le fait est que les personnes que nous mettons en contact sur notre site recherchent des relations comme celles qui existent dans la vraie vie, sauf que chez nous l’aspect financier est un critère supplémentaire majeur”.

Pour lui, “le concept de ‘sugar dady’ et ‘sugar baby’ semble être nouveaux en Europe, mais il existait déjà en France”. “Nous n’avons fait que le faire remonter à la surface, affirme-t-il. Ces termes sont largement recherchés sur Google, donc on sait qu’il y avait un marché”.

Si la campagne publicitaire en Belgique a suscité la polémique, le site s’est servi de cette expérience pour revoir sa communication pour le lancement français. La jeune femme en soutien-gorge rouge a ainsi été remplacée par l’image d’un homme et d’une femme dans une position “sensuelle”.

A ceux qui accusent “RichMeetBeautiful” d’encourager la prostitution, Sigurd Vedal oppose un “non” catégorique. “Nos conditions générales interdisent clairement la prostitution, affirme-t-il. Nos radars repèrent quiconque tente d’abuser d’un autre client et nous les bannissons immédiatement. Le site est ouvert uniquement à des adultes consentants qui savent ce qu’ils veulent”.

Selon les chiffres que le site a envoyés au HuffPost, RichMeetBeautiful.fr a enregistré plus de 6000 inscriptions supplémentaires depuis lundi 23 octobre, date du lancement français de la campagne publicitaire. 68% des femmes inscrites sont des étudiantes âgées de 18 à 26 ans et 75% des membres sont des femmes. A terme, la plateforme de rencontre espère atteindre 100.000 membres d’ici la fin de l’année 2017.

Le PDG du site de rencontre affirme que si son site peut déplaire, les films “50 Nuances de Grey” ou même “Sex in the City”, avaient choqué en leur temps. Et de conclure : “Les femmes sont à la recherche d’hommes à succès et l’on n’y peut rien changer”.

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