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Ses jeunes élèves l’appellent “monsieur serpent”… Un instituteur au corps tatoué se produit pour danser en boîtes de nuit

“J’en suis à environ 460 heures de tatouage, pour un total de 57.000 euros.”

Voici l’instituteur Sylvain Hélaine, alias Freaky Hoody sur les réseaux sociaux.

Motifs floraux sur le crâne, tête de démon dans le dos, cet habitué des conventions de tatouage a commencé à recouvrir son corps en 2012.

“Je l’ai fait en trois ans. Maintenant je repasse en transparence”, explique-t-il en désignant son bras dont les anciens motifs sont recouverts de fines lignes imitant des fibres musculaires.

Il n’en regrette aucun, dans “une démarche philosophique inédite : je rends le tatouage, qui est censé être permanent, éphémère. Je finirai surement tout noir à 80 ans.”

Le plus bizarre, ce sont ses yeux, “plus une modification corporelle qu’un tatouage”, souligne-t-il. Le blanc des yeux a été transformé en noir. Il a dû aller en Suisse pour avoir recours au tatouage oculaire, interdit en France. Certaines personnes ont perdu la vue suite à cette opération risquée.

“C’est une torture, on vous tient l’oeil grand ouvert, vous sentez l’aiguille qui le perce”, raconte ce fanatique. “On ne sait pas si ça va bien se passer. C’est pourquoi je dis aux gens « ne le faites pas ». Mais moi, j’avais l’impression d’être incomplet.”

Se faire du pognon avec des tatouages en étant instituteur ?

Son corps lui ouvre des portes. “Des agences de mannequin m’ont recruté pour des films, des séries. J’ai rencontré Mathieu Kassovitz, Joey Starr, Lana Wachowsky…”

De fil en aiguille, il anime et défile dans des conventions de tatouage, et des boîtes de nuit le recrutent pour danser. “Le tatouage alimente le tatouage”, explique cet acharné qui a vécu jusqu’à 33 ans chez sa mère, seule façon de financer ses tatouages avec son “salaire d’instit'”.

Ses élèves, du CP au CM2, ont entre 6 et 11 ans. L’âge de toutes les curiosités mais aussi de toutes les peurs.

“Je provoque toujours un moment de stupéfaction chez les enfants et les parents. Mais quand je me présente et qu’ils voient que je suis un enseignant comme les autres, tout se passe bien”, raconte-t-il.

L’enseignant jusqu’au-boutiste estime que sa particularité fait sa force (ben faudrait savoir…) : “les enfants qui me voient apprennent la tolérance et le respect des autres. Quand il seront adultes il y aura peut-être plus de chance qu’ils ne soient pas racistes, homophobes, qu’ils ne regardent pas les handicapés comme des bêtes de foire.”

Certains parents ont envoyé une lettre à sa hiérarchie avec des photos de lui nu trouvées sur internet, provoquant sa “mise au placard” pendant sept semaines.

“Il faut être tolérant : ce qu’il fait de sa vie privée ne nous regarde pas”, tranche Lydie Songo, mère d’élève. “Mes enfants l’appellent Monsieur Serpent, mais je vais leur en parler, il faut qu’ils l’acceptent comme ça. Ça doit le gêner toute cette attention.”

C’est le mot de la fin : les enfants doivent arrêter de l’appeler monsieur serpent car ça doit peut-être le gêner.

Une leçon de tolérance contre les vilains factieux.

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