Un an après l’affaire de la fresque de Clermont-Ferrand, le milieu des étudiants en médecine est de nouveau frappé par des critiques moralisatrices orchestrées par des médias et des politiciens.
L’affaire de la fresque de Clermont-Ferrand avait présenté les étudiants en médecine comme des partisans du viol collectif.
Cette fois-ci une simple blague glissée dans un examen a déclenché la réaction courroucée de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Najat Vallaud-Belkacem a envoyé une menace sur Twitter : “Nous prendrons les mesures nécessaires.” Najat Vallaud-Belkacem espère clairement punir les coupables de cet humour non politiquement correct.
Aussi incroyable que ça puisse paraître, le message de Najat Vallaud-Belkacem comporte de nombreuses fautes d’orthographe et de syntaxe. Cela rend cette affaire encore plus grotesque.
Les étudiants en médecine de trois facultés parisiennes passaient un iECN blanc ce vendredi 8 avril durant lequel leur a été posée une question symptomatique d’un état d’esprit très «masculin».
Pour certains, le trait d’humour a du mal à passer. Les étudiants en sixième année de médecine de trois facs parisiennes passaient ce vendredi 8 avril un iECN blanc les préparant au grand examen de fin d’année menant au choix de sa spécialité. Si les élèves étaient habitués à trouver des calembours ou une forme d’humour dans la formulation des questions, ils ne s’attendaient en aucun cas à ça.
À la question n°37, on leur présentait le cas d’une patiente de 35 ans qui reçoit une fessée sur son lieu de travail par son supérieur hiérarchique devant ses collègues et qui consulte aux urgences. Là, il est présenté différents types de réactions du professionnel en charge de l’auscultation. Parmi les choix possibles, le tout dernier: «Vous lui demandez d’aller au coin car elle n’a pas été sage.»Sur Twitter, Pauline a ouvertement regretté le sexisme de la question. Jointe au téléphone, elle explique que, pour elle, une telle formulation est symptomatique d’un état d’esprit très masculin propre aux facultés de médecine. «C’est toujours sous couvert d’humour ou de tradition, décrypte-t-elle. Beaucoup ne se rendent pas compte que c’est tout simplement sexiste.»
Elle cite notamment la violence de certaines remarques que les étudiantes subissent de manière quasi systématique en chirurgie: «Une fois, j’ai expliqué qu’il pouvait m’arriver de faire des malaises. On m’a répondu que j’allais me réveiller avec une bite dans l’oreille.»
Un mal profond
En janvier 2015, une fresque grivoise, peinte sur les murs d’une salle d’internes du CHU de Clermont-Ferrand, avait déclenché une polémique nationale. Slate pointait alors dans un long article le fait que le sexisme ordinaire s’était durablement implanté dans la médecine, que ce soit dans les études, les soirées, la profession, les pratiques médicales, le rapport des patients aux médecins et des médecins aux patientes.