La ville d’Amsterdam ne veut plus s’adresser à « Madame, Monsieur », mais plutôt à ses « chers concitoyens, chers habitants, chères personnes présentes ». Elle n’entend plus parler d’« homosexuels », mais de « personnes roses ». Elle ne mentionnera plus « fille » ou « garçon » dans ses documents, mais bien « fille à la naissance » ou « garçon à la naissance ».
La municipalité néerlandaise a édité un guide linguistique pour ses fonctionnaires. Elle leur conseille de s’en servir dans leurs échanges avec les habitants. Pour gommer la notion de genre, inutile et discriminatoire à ses yeux, et pour démontrer que le langage administratif peut être « inclusif ».
La ville est partie du constat que la distinction homme/femme ne correspond plus entièrement à la réalité de la société. Les Pays-Bas compteraient aujourd’hui quelque 50 000 transgenres, ou transsexuels, âgés de 15 à 70 ans. Nés hommes, ils se sentent femmes, ou vice-versa. C’est suffisant, ont estimé les autorités municipales, pour modifier les habitudes et les normes en vigueur.
La séparation entre hétéro et homosexuels aurait, elle aussi, vécu : la diversité sexuelle est bien plus grande, avec les transgenres, les intersexuels ou les queers. Ce terme anglo-saxon que l’on peine toujours à traduire en français a signifié successivement « malade », « bizarre », « étrange » ou a servi à dénigrer les « pédés ». On préfère, aujourd’hui, le traduire, aux Pays-Bas aussi, par « allosexuels » ou « altersexuels », ce qui est censé englober toutes les orientations non hétéro.
La ville d’Amsterdam, qui devrait par ailleurs rebaptiser « Canal Pride » sa célèbre Gay Pride, ne compte pas se limiter aux mots. A la fin de l’été, le bâtiment de la mairie comportera des toilettes « neutres », comme c’est déjà le cas à Utrecht. Par ailleurs, les Néerlandais ne l’ont, pour la plupart, pas remarqué, mais leurs cartes d’électeur, de Sécurité sociale ou d’étudiant ne contiennent plus la mention du sexe de leur porteur.