Un article du site Slate.fr sur l’inceste.
Résumé de l’article : nous sommes hyper tolérants, car nous sommes en faveur de l’inceste entre frère et sœur. Nous pouvons ainsi nous imaginer comme étant moralement supérieurs aux autres, à peu de frais.
Extrait :
Il faut savoir également que le Code Napoléon, l’ancêtre de notre code civil, interdisait jusqu’aux mariages entre beaux-frères et belles-sœurs (ce n’est plus le cas de 1975) et qu’il est possible aujourd’hui pour un oncle ou une tante de se marier avec sa nièce ou son neveu avec une dispense du président de la République. C’est vous dire le caractère arbitraire et fluctuant de la question de l’inceste (dont le terme n’est même pas directement utilisé dans le droit français).[…]
La vérité, Philippine, c’est que vous êtes libres de faire comme vous le ressentez. Vous êtes majeurs et amoureux. Vivre cette passion au grand jour, dans la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui et malgré une solide documentation qui irait dans votre sens, me semble risqué. Mais pas impossible. Pourquoi les cousins germains, qui peuvent en plus se marier, auraient-ils plus le droit que vous de s’aimer au grand jour?
Votre union pose en fait un problème moral qui renvoie forcément à sa propre expérience de la famille. On a, de plus, tendance à rapprocher ce type d’inceste avec les sordides affaires où il est question d’ascendant ayant plus ou moins d’autorité sur la victime.
Ici, il n’y a pas de victime. De quel droit je (ou qui que ce soit d’autre) me permettrais-je de juger cette une relation amoureuse qui comble équitablement deux adultes consentants? Je ne suis pas psy, je ne vais sortir de mon chapeau une succession de raisons avec des noms savants pour coller une étiquette «malsaine» à votre histoire. Ni me cacher derrière de vagues études scientifiques pour vous dissuader de vous reproduire. Cette unique raison comme facteur de viabilité de votre couple est nulle et non avenue, je connais des gens très heureux qui décident de ne pas faire d’enfants, ça ne les rend pas moins légitimes au bonheur.
La vérité, Philippine, c’est qu’en France vous avez le droit d’être amoureux. On ne vous mettra pas prison pour ça. Votre situation appelle les regards qui blessent mais ni plus ni moins que d’autres cas de figures. C’est en libérant la parole sur votre cas précis que vous repousserez les limites de la tolérance. En en parlant autour de vous, parce que vous en ressentez le besoin, vous prenez autant le risque du rejet que celui de la compréhension. Et c’est un risque qui mérite d’être pris, car vous ne pourrez pas être plus seule qu’aujourd’hui.
Question : il est écrit qu’il faut repousser les limites de la tolérance, mais jusqu’où ces chroniqueurs veulent-ils aller ?