Depuis une dizaine d’années, le haut potentiel intellectuel (HPI), catégorie qui regroupe les personnes dont le quotient intellectuel (QI) est supérieur ou égal à 130, fascine.
“Il y a quasiment 70% des gamins pour lesquels, en consultation, est évoquée l’hypothèse du HPI, y compris chez ceux qui sont déficients”, commente Léonard Vannetzel, psychologue spécialiste de l’enfant, alors que 2,3% de Français seraient réellement surdoués.
Parmi les raisons de cet engouement, le livre de Jeanne Siaud-Facchin, Trop intelligent pour être heureux ? (éd. Odile Jacob, 2008). Dans cet ouvrage vendu à près de 240 000 exemplaires, la thérapeute associe le surdoué à “une sensibilité, une émotivité, une réceptivité affective”. Une définition contestée par Nicolas Gauvrit, psychologue et chercheur en sciences cognitives : “Elle a décrit les HPI avec des traits de personnalité un peu vagues, ce qui n’est pas prouvé par la recherche. Cela a permis à beaucoup de gens de s’y retrouver”.
TF1 s’est récemment emparée du phénomène, avec la série policière HPI, diffusée depuis le 29 avril. Son héroïne, incarnée par la flamboyante Audrey Fleurot, possède la particularité d’avoir un QI de 160. Déjà un triomphe, avec plus de 10 millions de téléspectateurs, le 6 mai.
Pas étonnant que de plus en plus de professionnels décident de se spécialiser dans le HPI : parmi les 3953 psychologues référencés sur Doctolib, 16% proposent des tests de QI. Avec un tarif qui oscille entre 200 et 600 euros, ces derniers représentent un filon économique. Michelle*, psychologue dans le XVe arrondissement de Paris, le reconnaît : “Comme beaucoup de mes collègues, je me suis lancée là-dedans parce que je savais qu’il y avait de l’argent à se faire.” Depuis le deuxième confinement en novembre dernier, la fréquentation de son cabinet a explosé. “Les gens se posent plus de questions sur eux-mêmes. Parfois, il m’arrive de faire quatre tests par semaine, le double de ce que je faisais avant !”