Un article satirique du magazine capital.fr
Le 3 avril dernier, sur la proposition du député de l’Isère Olivier Véran, l’Assemblée nationale a voté l’interdiction de défiler pour tous les mannequins trop maigres. Ces jeunes filles n’auront pas non plus le droit de poser pour les magazines, y compris le nôtre, si bien que nous en croiserons moins souvent dans les couloirs, ça fera de la place (un peu).
Tout à fait entre nous, cette décision n’est pas pour nous déplaire. Comme beaucoup d’obsédés sexuels, nous affectionnons plutôt les girondes, et la vue de ces ombres impalpables biberonnées à la feuille de salade nous a toujours donné des frissons. Le nouveau texte est donc bienvenu. Il prévoit six mois d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende en cas de défilage hors des clous, cela devrait suffire à dissuader les contrevenantes et les marlous qui les cornaquent. Reste, cependant, à régler un détail technique: comment va-t-on faire appliquer cette loi?
A l’heure où nous écrivons ces lignes, les pouvoirs publics n’ont encore fourni aucune précision officielle à ce sujet, mais l’on peut déjà annoncer qu’un corps de contrôleurs va être créé pour la circonstance au ministère de l’Intérieur. Répartis dans une quinzaine de BRMTM (brigades de répression des mannequins trop maigres) et placés sous les ordres du lieutenant-colonel Lienard, ces hommes spécialement formés à l’anatomie seront vêtus de Levi’s slim fit, veste The Kooples et bonnet commandant Cousteau.
Leur mission, s’ils l’acceptent, sera de s’immiscer discrètement dans les shootings et de bondir sur leurs proies avant qu’elles aient le temps de s’enfuir en sous-vêtements. Il leur suffira ensuite de prendre leurs mensurations cuisses-hanches-poitrine avec un mètre de couturière, et de les faire coffrer en cas de dépassement des seuils autorisés.
Le recrutement de nouveaux fonctionnaires étant exclu pour des raisons budgétaires, ces agents seront redéployés depuis d’autres services. Une cohorte de contrôleurs des poids et mesures et plusieurs inspecteurs des impôts seraient, paraît-il, déjà sur les rangs, ainsi qu’un ancien directeur du FMI. Affaire à suivre.