L’inimaginable s’est produit… Donald Trump est élu Président des États-Unis…
Le soir de la nuit américaine, ma fille de dix ans a voulu faire une nuit blanche pour suivre les résultats en direct à la télévision. J’ai dit oui. Elle s’est endormie à 21h15.
Le matin d’après, il m’a fallu lui dire, en beurrant des tartines, qu’Hillary Clinton n’avait pas gagné et que Donald Trump était le 45e président des Etats-Unis. Elle a fondu en larmes.
OK, on a une tendance congénitale à surréagir et la larme facile dans mon foyer. Mais sa réaction, et celle, catastrophée, de ses camarades de classe devant l’école à 8h30, sont en tout point révélatrices.[…]
De nombreux incidents, parfois très graves, survenus dans des écoles américaines avaient démontré de manière alarmante comment Trump avait inoculé son racisme aux enfants. Et cela avait permis de prendre conscience du fait que quand Trump s’emploie à dénigrer et insulter les Mexicains, les musulmans, les femmes, des enfants mexicains musulmans, des petites filles deviennent aussi les cibles de sa rhétorique et de tous ceux qui y adhèrent. Il s’agissait donc bien d’expliquer aux petites filles et aux enfants racisés pourquoi diable ce monsieur dans la télé leur voulait tant de mal et à les rassurer quant à la possibilité que le monsieur en question ait un jour les moyens de mettre ses menaces à exécution.
Ça, c’était avant le coup de massue, et le résultat que personne ou presque n’avait vu venir. La question n’a subitement plus été de savoir comment expliquer aux enfants le «phénomène Donald Trump», mais pourquoi des millions de leurs concitoyens ont pu le porter jusqu’à la victoire. C’est la question que s’est pris en pleine figure Van Jones. Dans un discours extrêmement émouvant prononcé en direct, le journaliste de CNN se demande: «Comment expliquer ça à mes enfants? J’ai des amis musulmans qui m’envoient des SMS en me demandant: “Dois-je quitter le pays ce soir?”»