“Je me suis dit qu’il fallait que je voie s’il était possible de devenir mère d’une autre manière. Je ne savais pas que c’était possible d’avoir accès à un parcours de PMA.”
Et c’est finalement auprès d’une association de familles homoparentales que la jeune femme trouvera une oreille bienveillante et un véritable soutien dans sa démarche. Armée de toutes ces informations, elle se rendra à San Sebastian, en Espagne. Car à l’époque, la France ne lui permet pas d’avoir accès à la PMA, exclusivement réservée aux couples hétéros mariés, pacsés ou en concubinage depuis 2 ans. Dans la clinique qui la reçoit, petit coup de pression supplémentaire : elle découvre que sa réserve ovarienne est très faible. “En France, j’aurais pu avoir un parcours de FIV. Sauf que ce n’est pas possible car ce n’est réservé qu’aux femmes qui ont un compagnon. Et on m’a dit de ne pas perdre de temps.”
Marianne fait donc une insémination artificielle. Le donneur de sperme est anonyme. “Cela a marché du premier coup. Une grosse surprise et une immense joie”. La grossesse de Marianne suscite des interrogations, mais “pas de jugement”, assure-t-elle. “A part une personne qui m’a dit : ‘C’est dégueulasse ce que tu as fait’ ou encore un médecin supposé m’accompagner dans la préparation à la naissance qui m’a balancé : ‘Un enfant sans père, ça n’existe pas. Une famille sans père, ça donne des enfants à problèmes’. Les questions récurrentes tournent surtout autour du donneur, “sur ce que je savais de lui, combien cela a coûté (Marianne nous a confié que l’acte en lui-même avait coûté 1700 euros- sans compter les examens médicaux, les frais de transports et d’hébergement- Ndlr)…”
Alors que son fils souffle sa première bougie, Marianne prend la décision d’agrandir sa famille. Charlie aura donc une petite soeur, issue d’un autre donneur, anonyme lui aussi. Un bébé une nouvelle fois conçu avec cette petite boule au ventre provoquée par le caractère clandestin de sa démarche. “J’ai super mal vécu de concevoir des enfants en me disant ‘C’est mal ce que je fais’, de ne rien pouvoir dire… Et puis je n’aime pas trop transgresser la loi donc je ressentais une forme de culpabilité.”
Depuis la naissance de Lou, la maman célibataire vit pleinement cette vie à trois. En toute transparence. “Même s’ils sont tout petits, ils savent déjà d’où ils viennent. Ils savent qu’il n’y a pas de papa à la maison, que c’était un monsieur qui a donné la graine et qui a permis que Lou et Charlie soient là. Je leur ai dit que je remerciais beaucoup les messieurs qui avaient permis qu’ils soient là. J’ai insisté là-dessus.”
Marianne se voit-elle inclure un homme dans l’équation ? Les choses ne semblent pas figées. “Mais une mère célibataire qui travaille avec deux enfants en bas âge, laissez-moi vous dire que les temps de rencontre sont inexistants !”
Extrait de TerraFemina