Le soja contient beaucoup de protéine. Afin de limiter la consommation de viande, est-il possible de manger du soja à la place ?
L’aspect le plus inquiétant du soja est sa teneur en phytoestrogènes, des perturbateurs endocriniens.
Pourquoi des plantes produisent des phytoestrogènes ?
Les phytoestrogènes sont présents dans de nombreux végétaux, ils ont une structure chimique proche de celle des œstrogènes. Leur effet dans le corps est le même que ces hormones, en moins puissant.
Pour rappel prendre des hormones est totalement déconseillé, sauf avis médical.
Ces phytoestrogènes sont présents en très faibles quantités dans une alimentation sans soja. Le soja est en haut de l’échelle des teneurs en phytoestrogènes.
Pourquoi des plantes produisent-elles une substance chimique copiant l’hormone des animaux ?
Des scientifiques supposent que les plantes se servent des phytoestrogènes comme une défense contre les animaux. Selon cette théorie, le but est que la fertilité des animaux qui mangent les plantes contenant des phytoestrogènes diminuent.
Il faut noter que lorsque les plantes produisent un poison pour se défendre, les animaux et les insectes qui mangent cette plante développent une résistance à ce poison au fil des générations par sélection darwinienne.
Danger de la consommation de soja
L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a publié un rapport en mars 2005 : Sécurité et bénéfices des phyto-estrogènes apportés par l’alimentation.
Voici des extraits de la conclusion de l’AFSSA :
la prise en compte de la limite au-delà de laquelle des phénomènes de toxicité pourraient apparaître chez l’Homme et qui s’élève à 1mg/kg pc/j d’aglycones pour les isoflavones. Ceci est un choix résultant de l’état actuel des connaissances sur la seule génistéine et qui peut changer avec l’évolution des connaissances.
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les risques associés à l’exposition in utero aux phyto-estrogènes, et les risques associés à l’exposition des nourrissons et des enfants en bas âge aux préparations à base de protéines de soja dont la concentration est élevée en isoflavones alors qu’elle devrait être inférieure à 1 mg/L de préparation reconstituée en équivalents aglycone, soit environ 0.15mg/kg pc. Ces risques basés sur l’expérimentation animale portent sur la sensibilité aux carcinogènes et sur la maturation du système de reproduction avec malformations entraînant outre une altération de la fertilité, des anomalies facteurs de risque de cancer du testicule chez le jeune mâle et d’adénocarcinomes utérins chez la jeune femelle.
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le risque de prolifération et de croissance tumorale chez des femmes ayant présenté des antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein.
Le soja contient environ 1 mg d’isoflavone par gramme.
Il suffit qu’un homme de 70 kg mange 70 g de soja pour atteindre le seuil critique fixé par l’ AFSSA, ce qui est une toute petite quantité de nourriture.
Les risques les plus grands ont lieu pendant la grossesse et la petite enfance, avec une augmentation des risques de graves problèmes de malformation.
Argument en faveur de la consommation de soja
Le soja est consommé traditionnellement en Asie par des millions de personnes. C’est l’argument majeur avancé par les partisans du soja.
Cela signifie-t-il que le soja n’est pas dangereux ?
- 1er point : Au Japon, la principale source de protéine est le poisson et non pas le soja. Utiliser le soja pour remplacer totalement les protéines animales ne fait pas partie de la tradition des pays asiatiques.
- 2ème point : Il est possible que les populations asiatiques aient développé une plus grande tolérance au soja que les européens au fil des générations.
- 3ème point : C’est un aliment nouveau en Europe dont les modes de préparation et de consommation ne font pas parti de la tradition locale. Il est possible qu’un mode de consommation local particulier détruisent les phytoestrogènes. A priori tous les produits à base de soja contiennent des phytoestrogènes, donc ce point ne serait pas fondé.
Pourquoi un aliment importé peut être mauvais ?
Nous sommes adapté à la nourriture de nos ancêtres.
Les hommes se sont adaptés aux conditions de leur environnement et à la nourriture qu’ils pouvaient y trouver.
Tous les groupes de population n’ont pas les mêmes enzymes digestives.
- Exemple de la tolérance au lait
90 % des européens du nord possède toujours à l’âge adulte l’enzyme qui permet de digérer le lait. Les populations vivant en Europe consomment des produits laitiers depuis plusieurs milliers d’années.
95 % des chinois sont intolérants au lactose.
0.3% des basques sont intolérants au lactose.
C’est donc une mauvaise idée d’importer du lait en Chine.
- Exemple de la tolérance à l’alcool
Des études faites sur des européens ont démontré qu’une consommation modérée de vin est bonne pour la santé. Une enzyme dégradant l’alcool n’est pas présente chez 50% des Asiatiques. De fait ils supportent beaucoup moins bien l’alcool. Boire du vin serait mauvais pour eux même en quantité limitée.
- Groupe de population obèse
Dans certaines îles du pacifique plus de 90 % de la population est obèse. Une des explications est la rupture brutale avec l’alimentation traditionnelle. Il y a des obèses en Europe aussi, mais pas plus de 90 %. Des changements dans l’alimentation des européens ont eu lieu, mais pas aussi brutaux que pour les habitants du pacifique. Les populations avec beaucoup d’obèses ont probablement un gène qui permettait à leurs ancêtres de survivre à la famine en stockant les graisses au maximum.
- Influence du mode de préparation traditionnel
Le fait d’incorporer un aliment provenant d’un autre groupe de population comporte un risque potentiel pour la santé. Parfois aucun risque n’apparaît, c’est difficile à prévoir car un végétal contient des centaines de composés différents. Un composé agit différemment en présence d’un autre composé donc les combinaisons sont immenses.
La tradition locale impose un mode de préparation et de consommation particulier pour certains aliments.
Si l’aliment est importé brutalement dans un autre pays, la tradition elle n’est pas importée. Par exemple, les Aztèques faisaient cuire le maïs dans de l’eau avec de la cendre, car cela rend les vitamines du maïs plus disponibles. Cette préparation du maïs est appelée nixtamalisation. De nos jours au Mexique de la chaux est utilisée à la place de la cendre. Si les Aztèques n’avaient pas découvert cette préparation, ils auraient manqué gravement de vitamines car le maïs était leur aliment de base. Qui connaît cette tradition en Europe ?
C’est pourquoi il faut se méfier des vendeurs qui veulent vendre de la maca, du soja ou un autre produit dont un européen ignorait l’existence il y a quelques générations.
En matière d’alimentation, le nombre de paramètre permettant de savoir si une nourriture est saine ou pas est immense. Seul le fait qu’un aliment soit utilisé depuis des générations garantit ses bénéfices ou son innocuité pour la santé.
Un nouveau produit importé signifie que ce produit est en phase de test, ses effets seront connus à la longue, d’ici-là le produit peut être consommé, mais avec prudence et en se renseignant sur son mode de consommation traditionnel.
En conclusion
Le soja est déconseillé pour les femmes enceintes et les enfants. Le soja ne doit pas être utilisé au-delà de 70 g par jour. Si le but est de trouver des protéines végétales, les autres légumineuses en contiennent aussi, comme les lentilles, les haricots et les pois chiches.