Dans certains quartiers, les résultats scolaires sont si catastrophiques que, devant son impuissance à rétablir la situation, le gouvernement a décidé de mélanger les élèves des établissements situés dans des zones défavorisées, et les élèves des établissements ayant des résultats jugés corrects. Le gouvernement choisit donc la solution la plus moins courageuse, car cela lui évite de résoudre les problèmes en essayant de les dissimuler. Dans les prochaines années des élèves de tous niveaux vont être au cœur de ces expériences de déplacements forcés dans d’autres quartiers.
Témoignage d’un professeur d’école :
Dans le quartier du Mirail à Toulouse, deux collèges vont être vidés de leurs élèves puis détruits au nom d’une soi-disant mixité sociale, laissant un quartier de 16 000 habitants sans collège ! Les décisions imposées aux familles et aux professeurs sans concertation témoignent d’un mépris absolu pour ces enfants. Mais que sont-ils au regard de chacun et des institutions pour qu’on les traite ainsi ?
Le Conseil départemental de Haute-Garonne et l’Inspection académique sont à l’origine d’un dispositif censé lutter contre l’échec scolaire en développant une soi-disant mixité sociale. Dès la rentrée prochaine les enfants actuellement scolarisés en CM2 dans les écoles de La Reynerie ne pourront pas aller en 6ème au collège de ce quartier, le collège Raymond Badiou. Ils seront affectés sur des collèges « favorisés » du centre-ville et des banlieues résidentielles. Les élus promettent des transports scolaires gratuits mais ces collèges sont très éloignés du quartier (par exemple, le collège de Balma se trouve à l’Est de Toulouse, alors que le Mirail est au Sud-Ouest). L’objectif est de vider le collège de ses élèves et de le détruire dans 2 ans ! Le collège de Bellefontaine subirait le même sort avec un dispositif qui doit se mettre en place à la rentrée 2018. On ne sait pas actuellement ce qui est prévu sur les terrains laissés vacants. La reconstruction future du collège Badiou, reste floue. Elle n’est prévue que dans 5 ans, pour l’instant sans garantie ! Le Conseil départemental serait à la recherche d’un terrain. Le nouveau collège serait construit en périphérie du Mirail, toujours pour des raisons de mixité sociale !
Dès la rentrée prochaine 150 enfants de onze ans vont donc devoir traverser chaque jour une ville, particulièrement étendue, de 450 000 habitants, pour se rendre dans des collèges inconnus. S’est-on demandé une seule seconde ce que pouvait ressentir un enfant à qui on annonce en quelque sorte : « On va démolir ton collège. Tu iras à l’école dans un lieu que tu ne connais pas, avec des jeunes que tu n’as jamais vus. Ta meilleure copine n’ira pas au même collège que toi. Tu devras faire une heure et demie de bus chaque jour. Tu ne pourras plus rentrer déjeuner chez toi. Tu verras moins tes copains car tu ne pourras plus te rendre au club de sport à 17H. Mais tout ça, c’est pour ton bien ! ». Ces enfants ne seraient donc que des cobayes d’une expérimentation sur la mixité sociale, expérimentation réalisée dans la précipitation, imposée et sans autre contrepartie que « c’est pour votre bien » ? Malaise.