Adrianne (24 ans)
« J’étudie à Manchester, mais je viens des États-Unis donc je ne savais pas à quel point la vie en Europe était chère. Je trouvais ma situation financière assez difficile ; je comptais la moindre pièce et je vivais dans un appartement avec trois chambres pour six personnes. J’ai donc décidé de travailler comme escorte après qu’une personne de ma classe m’a montré un site spécialisé.
J’ai créé mon profil et j’ai reçu vingt-cinq messages dans les premières vingt-quatre heures qui ont suivi. Les demandes allaient d’un massage sensuel à une simple tasse de café. J’ai décidé de rencontrer un homme qui semblait, par message, très gentil et éloquent. Il n’était pas très vieux, environ le milieu de la trentaine. Je ne voulais pas que ma première fois soit avec quelqu’un du même âge que mon grand-père. On s’est donné rendez-vous dans un bar pour boire un verre. Je me sentais très mal à l’aise pendant que je l’attendais. Ce n’était pas du tout comme un rencard normal. J’avais l’impression que tout le monde autour de moi savait ce que je faisais.
Quand mon rencard est enfin arrivé, je suis devenue immédiatement parano. Il ne ressemblait pas à l’homme charmant sur les photos. C’était bien lui, mais il ne ressemblait pas du tout à sa photo de profil. On a commencé à parler et ma voix n’arrêtait pas de trembler. Il était assis trop près de moi et semblait avoir constamment besoin de me toucher les mains, la cuisse ou l’épaule. Ça m’a fait flipper. Il ne me quittait pas des yeux et parlait en énigmes, ce qui me mettait extrêmement mal à l’aise. Il répondait aux questions de manière ambiguë, ramenant tout à moi, à mon corps ou à ce que je portais.
Plus tard, le type est parti aux toilettes. Je suis allée au bar et j’ai demandé s’il y avait un autre moyen de sortir que par la porte principale. Le barman m’a demandé si j’avais un rencard pourri. J’ai ri jaune et j’ai dit « oui ». Il a pointé du doigt l’autre côté du bar et je me suis enfuie en courant, avec mon manteau à la main. J’ai commencé à marcher vers l’arrêt de bus, et j’ai entendu crier mon prénom d’escorte. Je me suis retournée et j’ai vu l’homme qui courait vers l’arrêt, en hurlant que je n’étais pas encore autorisée à partir et qu’il n’avait pas fini.
J’ai sauté dans le premier bus, sans savoir lequel c’était. Le bus est parti – dans la direction opposée à la mienne – et je n’ai plus jamais revu le mec. »
Annabelle (22 ans), Pays de Galles
« Je suis arrivée dans le monde de l’escorte par l’intermédiaire de quelqu’un qui avait entendu dire que des étudiantes vendaient leur “compagnie” pour stabiliser leur vie financière. J’ai décidé d’essayer.
Je sors toujours avec le premier sugar daddy que j’ai rencontré. On s’est rencontré autour d’un café et on a tout de suite eu un déclic. On a d’abord eu quelques rendez-vous, sans coucher : on est allé dîner et boire des cocktails. On est aussi allé à l’opéra. La première nuit où on a couché ensemble, j’ai gagné 1 350 euros. Il y a eu une pénétration classique, je l’ai sucé et il m’a aussi fait un cunni. Ce n’était pas très différent qu’avec d’autres mecs, mis à part le fait qu’il avait presque deux fois mon âge, qu’il était marié et avait des enfants.
Jusqu’à présent, j’ai gagné près de 33 500 euros. Quand mon sugar daddy part en voyage d’affaires, je le suis. En général, je l’attends dans un café ou au restaurant de l’hôtel, mais parfois il me laisse faire du shopping avec sa carte de crédit. Je ne fais jamais de folies avec des choses trop chères parce qu’il me paie déjà une allocation mensuelle de 3 500 euros.
Au lit, j’ai fait pas mal de trucs crades, parce qu’il aime ça. Il est du genre soumis, alors je le frappe, je l’étrangle et parfois je lui crache dessus. Il aime vraiment ça.
Je n’ai pas l’intention d’arrêter, mais c’est parfois un peu difficile si un autre gars m’intéresse. Mais je dois subvenir à mes besoins et j’ai plus envie d’un style de vie confortable que d’une relation permanente. »
Tiffany (25 ans), Essex
« Il y a deux extrêmes : les habitués qui connaissent le jeu, et les losers qui tentent leur chance. Un gars que j’ai rencontré m’a offert le menu Happy Hour dans un resto mexicain. Pendant la majeure partie de la soirée, il avait du guacamole autour de la bouche et m’a dit à la fin qu’il était en phase de “transition professionnelle” mais qu’il aimerait bien m’emmener à La Senza, une boutique de lingerie. Bref : au revoir.
Un autre type m’a remis 4 500 euros en billets de cinquante dans le coin d’un pub et m’a envoyé une carte de crédit prépayée pendant qu’il était en voyage d’affaires. On n’avait même pas encore baisé.
Les avantages de ce travail sont fantastiques : je refais ma garde-robe tous les deux mois et je dépense toujours la première paie d’un nouveau gars dans un nouveau sac à main ou des Louboutins. La moitié du temps, ils vous achètent de toute façon tout ce que vous voulez.
On m’a emmené en voyage un peu partout : Londres, Barcelone, Dubaï. Mais jamais très longtemps, sinon ils se lassent de toi. Ça peut être assez fatigant. Tu dois toujours être sexy pendant la journée, ton maquillage doit être parfait et tu dois être de bonne humeur vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Tu ne peux jamais roter, péter, bâiller ou ne pas rire à leurs blagues de merde. Tu dois être prête à essayer des trucs sexuels que tu refuserais à ton petit ami. T’es allongée sur le dos et l’instant d’après t’as un gode dans le cul et tu dois faire semblant que ça te plaît. J’ai gagné environ 47 000 euros cette année. Si tu es belle et que tu peux simuler, c’est bon. »