Embourbés dans une vision caricaturale du monde, la plupart des médias n’ont pas pu prévoir l’élection de Donald Trump. Comment des femmes pourraient-elles voter pour Donald Trump alors que les médias répètent en boucle qu’il est affreux, sexiste et méchant ? Trump n’avait donc aucune chance d’atteindre la majorité des voix.
Les grands médias souhaitaient la victoire d’Hillary Clinton, mais ils ont été battus par des gens beaucoup plus rusés qu’eux.
Kellyanne Conway est ainsi devenue la première directrice de campagne de l’histoire des Etats-Unis à voir son candidat à la présidence l’emporter.
Pendant que Donald Trump multipliait les meetings, c’est elle qui était le visage de sa candidature sur les plateaux.
“Le fait qu’elle puisse faire un talk-show après l’autre et expliquer avec un visage impassible toutes ces transgressions, ces incohérences, a été un outil efficace pour faire passer comme normal quelque chose de dingue”, estime Gabriel Kahn, professeur à l’Annenberg School of Journalism de l’université USC.
Lors des meetings ou après les débats télévisés entre candidats, elle allait systématiquement au-devant des journalistes pour faire le service après-vente, s’exprimant avec calme et précision.
– En politique depuis Reagan –
Le fait qu’il s’agisse d’une femme, vu le contexte et l’impopularité de Donald Trump auprès de l’électorat féminin, a également été positif.
“Elle était capable de prendre les déclarations (du candidat) qui auraient dû être complètement hors jeu politiquement et de les rendre moins terribles”, explique M. Kahn, “simplement parce que c’était une femme blanche, blonde, intelligente, en les répétant inlassablement sans la colère et l’hostilité de Trump”.
Et, en recherche perpétuelle d’interlocuteurs pour animer leur antenne, les chaînes d’information en continu lui ont généreusement ouvert leurs portes.
Kellyanne Conway aura été beaucoup plus qu’une porte-parole.
L’équipe Trump en a fait sa directrice de campagne mi-août, alors que le magnat de l’immobilier était mal en point dans les sondages, pour tenter d’amener un nouveau ton.
Jusque-là, les responsables de sa campagne n’avaient pas su trouver la bonne distance: les uns lui laissaient la bride sur le cou, les autres tentaient de le faire entrer dans le costume du républicain orthodoxe.
Baignée dans la politique depuis le début de sa carrière dans l’équipe de sondages de Ronald Reagan, Mme Conway connaît parfaitement les arcanes du parti républicain.