En 2013, Asia Argento aurait agressé sexuellement l’adolescent Jimmy Bennett, 17 ans à l’époque. Elle lui aurait ensuite versé 380.000 dollars.
Elle est le fer de lance du mouvement #MeToo. Asia Argento fait partie des premières comédiennes à avoir dénoncé Harvey Weinstein en octobre 2017. Pourtant le New York Times vient de révéler qu’elle aurait versé de l’argent à un adolescent affirmant avoir été agressé sexuellement.
Les faits seraient survenus en 2013 dans une chambre d’hôtel en Californie. Selon le New York Times qui a eu accès à plusieurs documents confidentiels, Asia Argento aurait versé 380.000 dollars pour faire taire le comédien et musicien américain.
Cinq ans plus tard, Jimmy Bennett, aujourd’hui âgé de 22 ans, réclame 3,5 millions de dollars de dommages et intérêts pour s’être vu «infliger de manière intentionnelle une détresse émotionnelle et des pertes de salaire suite à une agression sexuelle».
Selon le jeune homme, Asia Argento l’aurait fait venir le 9 mai 2013 dans son hôtel à Marina Del Rey, en Californie. La fille du réalisateur Dario Argento est alors âgée de 37 ans, soit vingt ans de plus que lui. Elle lui aurait ensuite fait boire de l’alcool avant de l’embrasser, de le pousser sur le lit, de le déshabiller et d’avoir des rapports sexuels avec lui.
Une photo publiée en 2013 sur le compte Instagram d’Asia Argento immortalise cette rencontre, légendée ainsi : «Mon fils, mon amour pour toujours.» Une phrase qui fait référence à leurs rôles respectifs dans Le Livre de Jérémie, réalisé par l’actrice en 2005 et dans lequel elle joue la mère instable et lui, son fils.
L’action en justice de Jimmy Bennett a été lancée un mois après que les accusations d’Asia Argento contre Harvey Weinstein ont été rendues publiques. Toujours selon le New York Times, son avocat a indiqué que son client s’était souvenu de cet épisode après avoir vu l’actrice se présenter comme une victime d’agression sexuelle.
“Je n’ai pas réalisé que là, j’allais me faire violer”
C’était le 10 octobre 2017, dans les colonnes du New Yorker. Asia Argento déclare avoir été violée par Harvey Weinstein en 1997, alors qu’elle est âgée de 21 ans. L’actrice raconte le producteur américain aurait pratiqué un cunnilingus dans une chambre d’hôtel de la Côte d’Azur. «Cela ne s’arrêtait pas. C’était un cauchemar», explique-t-elle alors au magazine américain, évoquant un «traumatisme horrible».
Une prise de parole qu’elle réitère face à la caméra d’Envoyé Spécial, le 26 octobre suivant. «Il est allé dans la salle de bains, et il est sorti en peignoir avec une lotion à la main. Maintenant, on sait que c’était ça, son modus operandi, explique-t-elle au journaliste de l’émission. Mais à l’époque, je n’en savais rien. Pour moi, c’était juste la scène la plus absurde que je n’avais jamais vue. Je ne savais pas s’il plaisantait. J’étais effrayée. Et il était là, comme un ours. Je lui ai dit : “Tu plaisantes. Je ne suis pas ce que tu crois”. Il m’a dit “non, non, je veux juste un massage pour me détendre”. Je n’ai pas réalisé que là, j’allais me faire violer. Je n’avais jamais imaginé que quelqu’un pourrait me faire ça».
Asia Argento explique avoir eu d’autres relations sexuelles avec le producteur Harvey Weinstein durant les cinq années qui suivront. Elle les qualifie de «consenties» mais s’est dite «obligée» de céder à ses avances par crainte qu’il ne «l’écrase». Dans l’émission présentée par Élise Lucet, elle poursuit : «Il était la quintessence du pouvoir. (…) Les gens me disent : “Tu ne l’as pas dénoncé parce que tu avais peur pour ton film”. Oui j’avais peur pour le film que j’avais fait. À l’époque, ce film était tout pour moi. Mon père me disait “Avec ce film, Asia, tu vas gagner un Oscar”».
“Elle aurait dû dire non”
Si Asia Argento apparaît alors comme une figure de proue de la fronde anti-Weinstein, l’actrice est loin de faire l’unanimité en Italie, son pays natal. Journalistes et personnalités publiques italiennes lui reprochent d’avoir attendu vingt ans pour évoquer les faits. À l’instar de la militante LGBT Vladimir Luxuria qui lui reproche de ne pas avoir refusé ses avances, ou de l’actrice Maria Grazia Cucinotta qui explique avoir «souvent dit non», et n’en être «pas morte».
Malgré les nombreux soutiens qu’elle reçoit en retour, et parmi eux, celui de son compagnon de l’époque, le chef Anthony Bourdain, Asia Argento s’envole pour Berlin. «J’irai en Italie en vacances, mais je n’y retournerai que lorsque le contexte sera meilleur pour mener les batailles avec toutes les autres femmes», explique-t-elle alors.
Outre Atlantique, elle poursuit son offensive. En novembre dernier, elle encourage l’actrice Uma Thurman à prendre elle aussi la parole. «Chère Uma Thurman, (…) nous avons besoin de ta voix puissante», poste-t-elle sur son compte Twitter. Une prière entendue. Le 3 février 2018, l’actrice de 48 ans révèle avoir elle aussi été violée par Harvey Weinstein.
Mais de nouveau, les attaques au vitriol pleuvent. Lors d’une conférence donnée au Women’s World Summit, le 12 avril, Asia Argento raconte avoir été traitée de «pute, menteuse, traîtresse, opportuniste.»
Asia Argento continue ses accusations à la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, le 19 mai. Face au parterre de célébrités, Asia Argento l’assure, Harvey Weinstein «ne sera plus le bienvenu» sur la croisette, et de rappeler son calvaire : «En 1997, j’ai été violée par Harvey Weinstein, ici à Cannes. J’avais 21 ans. Ce festival était sa chasse gardée.»
Le 8 juin, le suicide de son « compagnon », le chef Anthony Bourdain, est annoncé dans la presse. «Anthony donnait tout ce qu’il avait dans ce qu’il faisait. Son esprit brillant et intrépide a touché et inspiré tant de gens, et sa générosité n’a connu aucune limite. C’était mon amour, mon roc, mon protecteur. Je suis plus que dévastée», partage-t-elle sur Twitter.