A Zeralda, station balnéaire à l’ouest d’Alger, rares sont désormais les femmes qui osent se mettre en maillot, surtout en bikini, sur les plages publiques.
Hakima, professeur de mathématiques d’une quarantaine d’années, nage en burkini puis s’entoure d’un large paréo en sortant de l’eau. “C’est plus décent. Le maillot intégral est la solution pour les musulmanes pratiquantes qui aiment la mer”, explique-t-elle.
Mais certaines se couvrent à contrecœur, comme Manel Brahimi, étudiante en biologie: “J’adore nager mais si je porte un maillot de bain normal, on me regarde comme une martienne”.
Siham, 24 ans, s’est également résignée à porter, au-dessus de son maillot une pièce, un short cycliste afin d’éviter les regards.
Sur les plages de Rabat, les baigneuses se trempent aussi dans les tenues les plus disparates, du bermuda au bas de survêtement en passant par le legging, le short en jean, ou même le suggestif tee-shirt mouillé.
Mais rares sont celles arborant un burkini proprement dit, ce costume de bain créé en Australie dont le prix moyen (au moins 500 dirhams, 50 euros) le met hors de portée pour la majorité d’entre elles.
“Ce phénomène est surtout le fait des MRE (les Marocains résidant à l’étranger). Ils ont importé cette mode cette année lors de leur vacances sur les plages marocaines”, en particulier dans le nord du pays, plus conservateur, souligne Miloud, un retraité.
[…]
L’évolution des mœurs a ouvert la voie aux plages privées réservées aux seules femmes et enfants. Comme le “Marina club” ouvert à l’est d’Alger par l’entrepreneur Riadh Bourayou.
Bien que son prix d’entrée soit élevé, les clientes, voilées ou non, se bousculent autour de la piscine, où se côtoient bikinis, maillots échancrés ou burkinis loin des regards masculins. Seules des femmes, étudiantes pour la plupart, y sont employées comme serveuses ou maîtres nageuses.
“C’est un havre de paix, un endroit discret pour une femme musulmane”, se réjouit Ouahiba Chatouri, une hôtesse de l’air à la retraite voilée heureuse de porter son maillot deux pièces en toute tranquillité.
Un peu plus loin, un mur sépare sur la plage ces baigneuses de celles portant le voile intégral.
Ces dernières “en fait n’apprécient pas qu’il y ait de jeunes garçons”, affirme une cliente, étonnée que l’on puisse comparer le regard d’un gamin de 7 ou 8 ans à celui d’un adulte.