La congélation des ovocytes consiste pour une femme à se faire prélever des ovules et à les faire vitrifier. Plus tard, à 40 ou 50 ans, quand elle jugera le moment opportun, elle pourrait éventuellement les faire décongeler, féconder in vitro et réimplanter dans son utérus.
La pratique existe déjà aux États-Unis, et aussi en Espagne, en Belgique et en Italie entre autres. En France, l’autoconservation sociétale (pour convenance personnelle) des ovocytes n’est pas autorisée. Seules les femmes qui subissent un traitement médical pouvant les rendre stériles, une chimiothérapie par exemple, et celles dont la fertilité risque d’être prématurément altérée ont le droit de conserver leurs ovocytes. Ainsi que les femmes qui font don des leurs : une partie prélevée peut alors être congelée pour leurs propres futurs besoins.
De fausses promesses
«Il y a un énorme battage marketing et de fausses promesses», confie Brigitte Adams au sujet de la congélation des ovules. Le Washington Post rapporte que Brigitte Adams “était devenue une publicité vivante pour une génération de femmes considérant la procédure de congélation des ovules”. Brigitte Adams était apparue sur la couverture du magazine Bloomberg Businessweek il y a quatre ans pour vanter les avantages de la congélation des ovules pour la carrière d’une femme.
Elle était dans la fin de la trentaine lorsqu’elle a congelé ses ovules pour 19 000 $. Et maintenant, 11 fécondations d’ovules ratées plus tard, elle réalise que le conte qu’elle et d’autres racontaient sur la congélation des ovules n’était qu’une partie de l’histoire – la partie où les femmes pensent pouvoir s’affranchir de l’horloge biologique. Mais ce n’est pas la réalité de la congélation des ovules – et c’est un mensonge dommageable. “C’est une fiction totale, c’est incorrect”, explique James Grifo, spécialiste de la fertilité. “Toute ta vie on te raconte que tu es en contrôle de ta fertilité alors si tu ne peux pas avoir un bébé, tu te le reproches.”
La deuxième partie de l’histoire, comme le dit Brigitte Adams, est ce qui se passe lorsque les femmes sont prêtes à utiliser ces ovules congelés. L’industrie de la fertilité ment quand elle prétend qu’il n’y a pas de données sur les taux de réussite de la congélation des ovules. “Il y a des données, et ce n’est pas brillant”, explique Brigitte Adams. Des études ont ainsi montré qu’une femme qui gèle 10 ovules à 36 ans a entre 30 et 60% d’avoir un bébé en les utilisant.
Brigitte Adams souligne qu’il est important pour les femmes de savoir que les chances d’échec sont élevées, d’autant plus que la congélation des ovules devient de plus en plus tendance. Alors que seulement 20 000 femmes aux États-Unis ont subi cette procédure, le nombre de femmes qui congèlent leurs ovules a explosé chaque année, et un expert prédit que jusqu’à 76 000 femmes pourraient faire congeler leurs ovules en 2018.
De plus si une femme dans la quarantaine rencontre un homme et lui raconte qu’elle a fait congeler ses ovules, celui-ci ne risque-t-il pas de se demander s’il n’est pas tombé sur un cas social ? Et prendre la fuite ?