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Extrait :
Au risque de hérisser les âmes sensibles et de retourner quelques évidences, le pénis n’est pas seulement une excroissance pénétrante : elle est aussi pénétrable. Par l’urètre.
La pratique s’appelle le sodurètre, elle consiste à enfoncer des tiges, doigts, crayons ou autres dans le pénis via l’urètre, superficiellement ou en profondeur, jusqu’à éventuellement chatouiller la vessie. Vous n’espériez pas qu’il existe en 2017 des orifices du corps humain n’ayant jamais été explorés, n’est-ce pas ? Quand on veut, on peut – et sexuellement, quand on peut, il est fréquent qu’on se mette à vouloir.
Commençons par la question qui tue : pourquoi faire une chose pareille ? Par ennui, par goût du risque ? Peut-être. Mais les adeptes de la stimulation intérieure du pénis évoquent surtout d’extraordinaires orgasmes, des plaisirs différents, des érections prolongées. A proximité immédiate d’une grande concentration de nerfs, de tissus érectiles et de la prostate, un tel enthousiasme n’a rien de surprenant.
Cette pratique permet également de renouveler son répertoire sexuel et d’embêter les masculinistes. Car si vous estimez que la nature est bien faite et que les femmes « doivent » être pénétrées sous prétexte qu’elles ont un vagin, alors la nature permet la pénétration du pénis – auquel cas les pénis « doivent » eux aussi être pénétrés (repose en paix, concept de sexualité naturelle).
Notons par acquis de conscience que même si la littérature médicale ne mentionne que quelques dizaines de cas, un urètre féminin peut être pénétré par un pénis – une mauvaise idée liée à des incontinences urinaires au mieux, des ruptures de la vessie au pire. Côté masculin, on a récemment entendu parler du docking, qui consiste à pénétrer avec son pénis le prépuce d’un partenaire masculin.
Deuxième question : est-ce que ça fait mal ? Tout dépend. La pratique a été popularisée par le BDSM (bondage, domination, sado-masochisme), et le mélange entre plaisir et douleur fait partie des raisons pour lesquelles on peut tenter le sodurètre. Au point qu’on trouve en ligne un article médical sur les conséquences de l’introduction de jus de piment dans un sexe masculin (entre autres intromissions d’alcool, de cire ou d’huile pour bébé).
Mais exactement comme dans le cas d’autres pratiques considérées comme extrêmes, au premier rang desquelles la pénétration anale, la douleur n’est pas obligatoire : elle peut être recherchée, mais le plus souvent, elle reste le fruit d’une incompétence. Même chose pour les premières pénétrations vaginales ! En tout cas, si vous opérez de manière progressive, il n’y a aucune raison de terminer ni dans le bêtisier des urgences, ni replié en position fœtale sur le carrelage de votre cuisine. Il n’est d’ailleurs pas rare de lire des commentaires d’internautes déçus de n’avoir rien senti de particulier !
Comment stimuler votre pénis de l’intérieur, puisque vous êtes désormais archi-tenté par l’expérience (évidemment) ? Armez-vous de temps (nous sommes dimanche), d’attention et de l’outillage spécifique – car même si on peut tenter les pénétrations improvisées à coups de crayons, bougies, manches de fourchette ou cotons-tiges, vous n’avez certainement pas envie d’attraper une infection urinaire, de vous déchirer l’urètre, ou que cette brindille se casse à l’intérieur.
Il existe un équipement : ne faites pas les malins, utilisez-le. Et parce que votre sexshop le plus proche n’aura pas forcément la bonne référence, il faudra soit passer par une plate-forme BDSM (pour trouver par exemple des plugs qui « boucheront » le pénis), soit taper « sonde urétrale » dans votre navigateur.