Dans de nombreux hôpitaux français, des fresques obscènes sont peintes par des étudiants sur les murs des salles de garde.
Choqués, certains internes en médecine souhaitent instaurer une censure à ce sujet. Ils veulent balancer du porc.
Exemple récent, une fresque située dans l’internat de l’hôpital Purpan, juste à côté de la cantine, où passent tous les jours des internes, choque quelques étudiants. «On vient manger tous les midis ici, devant cette fresque qui représente les dirigeants de l’hôpital, dont certains exercent toujours, avec des habits de moine, dans une représentation de la sagesse, aux côtés de femmes qui sont, elles, nues et présentées uniquement comme des objets de fantasme, avec des lesbiennes, des positions sexuelles… On prenait tous les jours notre café ici et on en a eu marre. Nous avons donc déployé une banderole «Ceci est du harcèlement sexuel, qu’en pensez-vous ?», dans le but d’échanger avec les médecins qui déjeunent ici», expliquent-elles. Selon elles, ce type de fresque est très fréquent dans les hôpitaux, “certaines représentant même des viols”.
L’action du groupuscule, composé d’une petite dizaine d’internes et d’externes, a tourné court ce jeudi matin. Bernadette Gorin, la secrétaire de l’internat, est intervenue au bout d’une quinzaine de minutes pour leur demander de retirer la banderole. «Certaines personnes n’ont pas du tout apprécié, a-t-elle avancé. Je trouve ce débat intéressant mais on ne peut pas imposer ça. Il faut faire une demande d’autorisation pour ce type de manifestation. Je vais vous envoyer un mail vous rappelant vos droits et devoirs d’internes. Avec une action telle que celle-ci, on pourrait vous interdire l’accès à la cantine et vous envoyer au self du personnel.»
En aparté, Bernadette glisse que «la fresque fait partie de la culture carabine, elle a marqué la fin de cette période, lorsque les bizutages ont été interdits. Il ne faut pas tout mélanger, je trouve que Catherine Deneuve n’a pas tout à fait tort dans sa tribune…”
Des remarques sexistes venant de gros porcs
Mais c’est bien cette acceptation de ce que certains présentent comme la “tradition carabine”, qu’entendent dénoncer quelques internes. “Nous sommes exposées pendant toute notre scolarité à des remarques sexistes, avec des chefs de service qui font des blagues à caractère sexuel de façon récurrente. A la fac aussi, les profs font toujours des remarques. Et ce qui nous énerve le plus, c’est que les gens trouvent cela normal. La présence du tableau participe à ce climat, et d’ailleurs, il ne choque plus personne.”
Des chefs de service cochons
Et ce qui complique les choses, c’est souvent le “lien hiérarchique” existant entre l’interne et son chef de service. “Les internes n’osent pas parler, du fait de la validation de leur stage…”, glisse une interne.
Une autre interne se déclare humiliée quotidiennement par des agressions sexistes et souhaite “balancer du porc” : “Dans certains services, on nous appelle “ma chérie”, “ma chatte”, ou encore “ma foufoune”, des termes infantilisants et humiliants.”